The history of World War I has taken shape around commonplaces. For instance, the major feeling at the start of the war used to be described as patriotic enthusiasm but is now often said to have definitely been sadness. A new reading of the notes left by school teachers has led historians to describe the population’s general feeling as stupefaction. Questions should be raised about this stupefaction and sadness, since the pieces of evidence that mention these feelings also emphasize hesitation and the quick pace of change. Once they heard the tocsin, people might have successively felt stupefied, scared, sad, confident and enthusiastic. Does a feeling of sad resignation not mark the end of a cycle? Has the literature not turned this feeling into a commonplace?
L’histoire de la Grande Guerre s’est construite autour de clichés. Ainsi l’entrée en guerre, d’abord décrite comme une grande manifestation d’enthousiasme patriotique, est aujourd’hui communément présentée sous le signe de la tristesse résolue. En relisant les notes des instituteurs, les historiens ont décrit la stupeur comme le sentiment commun des populations. On doit néanmoins s’interroger sur la nature de cette stupeur et sur la signification de la tristesse résolue. Car les témoignages qui l’évoquent soulignent aussi l’hésitation, la diversité et la rapidité des évolutions. Après avoir entendu le tocsin, les gens ont pu successivement éprouver la stupeur, la peur, l’émotion, la tristesse, la confiance et l’enthousiasme. La tristesse résignée ne marque-t-elle pas le point final d’un cycle et n’est-elle pas une composition reprise, enrichie et transformée en cliché par la littérature ?
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