Si le gendarme est incontournable pour saisir la nature et l�exercice de l�autorité au XIXe siècle, ce n�est pas tant parce qu�il apparaît comme une figure élémentaire et emblématique de l�autorité que parce que sa position se révèle ambiguë. Est-il une autorité, a-t-il l�autorité, n�est-il que l�agent de l�autorité ? Se repose-t-il d�abord sur sa stature individuelle ou bien sur son seul statut institutionnel pour faire autorité ? Faute de pouvoir prétendre à une autorité que les autorités administratives et judiciaires refusent de reconnaître, les responsables de la gendarmerie ont mis en avant une expression de substitution, la force morale, pour désigner l�influence spécifique qu�ils revendiquent. La formule est heureuse parce qu�elle permet de surmonter d�une part les contradictions d�une force publique qui peine à imposer son monopole sur la violence légitime et d�autre part le paradoxe d�une force armée priée de ne pas faire usage de ses armes. La gendarmerie doit se prévaloir d�une autorité qui la dépasse et afficher cette sujétion à la loi pour mieux l�imposer aux administrés
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