Nicole Mosconi, Nicole Heideger
Cet article étudie la relation inspecteur/inspectée, dans l'enseignement primaire, du point de vue de femmes enseignantes inspectées par un corps majoritairement masculin. À travers l'analyse de trois entretiens non directifs, il montre que cette relation hiérarchique suscite des phénomènes psychoaffectifs qui débordent largement son aspect fonctionnel. Les enseignantes tiennent un discours irrationnel, avec un vocabulaire très affectif, en lien avec une relation qu'elles vivent comme infantilisante. Elles évoquent une figure de l'inspecteur, fantasmatique, persécutive et angoissante, dont le jugement, par la note attribuée, est représenté comme un jugement quasi divin, séparant les bons des mauvais. Dans la perspective de l'analyse de l'autorité par Gérard Mendel, nous faisons l'hypothèse que cette figure de l'inspecteur, omnisciente et toute-puissante, renvoie, chez les enseignantes, à des phénomènes très régressifs et peut être interprétée, à la lumière des travaux post-freudiens, comme la représentation fantasmatique d'un père oedipien derrière lequel se cache une figure maternelle très archaïque, issue de la prégénitalité orale, anale, dispensatrice de vie et de mort, suscitant dépendance extrême, agressivité, culpabilité et peur de l'abandon.
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