L'article traite de la place de la lutte contre la corruption dans la crise politique italienne de 1992-1994. Selon la thèse courante, la délégitimation et l'effondrement du régime démocrate-chrétien sont directement rapportés au dévoilement de la corruption au sein de la classe dirigeante par la magistrature (l'opération « Mains propres »). Cependant, les révélations judiciaires et les scandales de corruption ont été nombreux en Italie, avant et après cette crise, sans pour autant provoquer de changement politique majeur. Cela conduit à une explication alternative des événements de 1992-1994 (et plus généralement des processus de délégitimation), qui souligne la manière dont la compétition politique a été affectée par les scandales : les « croisades morales » contre la corruption ont eu, dans cette période, un impact politique parce qu'elles ont été relayées et soutenues par des acteurs politiques émergents pour s'affirmer face aux élites établies et pour revendiquer un rôle dans la recomposition du système politique
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