Edouard Conte, Saskia Walentowitz
Les auteurs attirent l’attention sur les ambivalences épistémologiques inhérentes au terme « tribu » et remettent en question la distinction entre secteurs tribaux et non tribaux appliquée aux sociétés dans lesquelles l’islam est largement reconnu. Ils explorent des hypothèses destinées à montrer comment une théorie alternative de la parenté et de la reproduction transgénérationnelle peut contribuer à fournir des explications non téléologiques et non discriminatoires de processus relevant de la construction de la proximité sociale et politique au-delà de toute dichotomie entre famille et État. Le concept clé de nasab, ainsi que ses analogues, est ici défini comme une constante réarticulation de processus simultanément structuraux et historiques qui garantissent rétrospectivement la validité des références aux origines. Celles-ci relèvent de l’articulation, au fil des générations, de fratries via des mariages par permutation (badal) et via la reconnaissance d’affiliations individuelles et collectives, de paternité et de citoyenneté y compris. Cet article souligne aussi la nécessité de développer une théorie adéquate de la parenté afin de contrer le détournement des sciences sociales par des acteurs néo-évolutionnistes et néo-conservateurs qui caricaturent les « sociétés musulmanes » en amalgamant « endogamie », « inceste » et « terreur ».
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