Le " partage du sensible " tel que le définit Jacques Rancière porte sur les " manières dont les figures de communauté se trouvent esthétiquement dessinées " dans une société démocratique. À partir de deux poèmes, " Le damned Canuck " et " Séquences " extraits de L'Homme rapaillé de Gaston Miron, l'on examine comment le poète québécois construit sa poétique de l'insulte et du juron à partir des " noms impropres " qui dénient aux travailleurs-artisans " raboteux, rabotés " le droit à une parole " audible " dans l'espace démocratique canadien. La réappropriation de ce qu'il appelle sa " mémoire osseuse " se fait alors pour Miron à partir d'un " écart fou " qui le condamne à errer dans des " lieux dépaysés ". Le je devient ce je impersonnel qui claudique dans son corps tout en affirmant par sa voix " lépreuse " et " ligneuse " sa résistance à la dialectisation du conflit qui construit l'espace commun démocratique.
The "distribution of the sensible" as Jacques Rancière defines it concerns "the ways in which figures of community find themselves aesthetically drawn out" in a democratic society. Two poems, "Le damned Canuck" and "Séquences" from Gaston Miron's L'Homme rapaillé, allow us to understand how the Quebecois poet constructs his poetics of insult and swearword from the "noms impropres" (improper/dirty words) which deny the "rasping, rasped" artisan/workers a right to speech in Canada's democratic space. Miron's re-appropriation of what he calls his "bone memory" then starts from a "wild gap" which condemns him to err in "foreigned parts." The "I" becomes this impersonal "I" which limps along in his body while affirming through his "leprous" and "ligneous" voice his resistance to the dialectisation of the conflict that constructs the common space of democracy.
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