La large diffusion de la presse quotidienne dans les tranchées vient nuancer l'idée communément admise d'un rejet massif de celle-ci par les combattants. Malgré la censure particulière qui s'exerce dans la zone des armées, les journaux sont lus dans des proportions très voisines à celles de l'avant-guerre. En 1914, l'état-major français a une attitude très méfiante à l'égard des usages de la presse. Mais progressivement, la lecture est intégrée dans sa stratégie de mobilisation. Cette évolution ne fait néanmoins qu'intégrer la réalité des pratiques de lecture chez les soldats, que le contact de la guerre n'a pas modifié en profondeur. En revanche, lire la presse dans les tranchées répondait à des attentes particulières et immédiates. Elle permettait de façonner l'expérience vécue, de donner sens à l'engagement des hommes et à légitimer socialement celui-ci.
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