How does one get access to data when operating through ethnographic immersion in a neighbourhood for months ? This paper builds upon an analysis of the transformation of political identities in former segregated neighbourhoods of Cape Town, South Africa, to uncover the constant, and yet untold, adjustments in theory and methodology of any research project on the ground. Between the participation imperative dictated from the top and the inherited political culture of self-organisation from below, the South African case-study reveals how ambiguous city-dwellers’ aspirations are and challenges normative understandings of democracy. Reading the production of scientific knowledge goes beyond the particularities of post-apartheid South Africa and questions questions the ethics and politics of fieldwork in general. The researcher is an acting member of the microlocal geopolitics he or she is investigating. Instead of seeking vain provisions against it, this article calls for a full recognition of the intimate relationships in the field as part of the scientific project itself. The principle of collective improvisation used in free jazz is a metaphor for an ontology of performing reciprocal relationships. Improvisation skills become a tool for listening to the Other, and an incentive towards an aesthetics and a poetics of conscious research, following Michel de Certeau’s “arts de faire” philosophy on the actual practices of everyday life.
Comment obtient-on nos données lorsque l'on s'immerge dans le quotidien d'un quartier pendant des mois? Cette contribution part de l'analyse des transformations des identités politiques dans les anciens quartiers ségrégués du Cap, en Afrique du Sud pour donner à voir les ajustements théoriques et méthodologiques constants, et souvent inavoués, qui jalonnent la recherche de terrain. Entre les injonctions à la participation orchestrée par le haut et l'héritage d'une culture de l'auto-organisation politique par le bas, l'exemple sud-africain montre en effet l'ambiguïté des aspirations des citadins et oblige à assouplir une vision souvent normative de la démocratie. Mais au-delà des spécificités du post-apartheid, cette relecture du processus de production du savoir scientifique interroge les implications éthiques et politiques de la recherche de terrain en général. Le chercheur est partie prenante de la géopolitique micro-locale qu'il ou elle observe. Plutôt que de chercher à éviter ces interférences, cet article propose de prendre les relations personnelles sur le terrain comme un élément à part entière de la démarche scientifique. Le principe de l'improvisation collective développé dans le free jazz est utilisé comme métaphore pour illustrer une ontologie ancrée dans la pratique de relations réciproques. Les capacités d'improvisation deviennent la clé d'une écoute de l'Autre et ouvrent la voie à une recherche éthique, qui s'inspire de l'esthétique et de la poétique de Michel de Certeau centrée sur les « arts de faire du quotidien ».
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