L'interdiction par le gouvernement suisse en 1958 des Sentiers de la gloire - film de Stanley Kubrick à la tonalité antimilitariste, mettant en scène des condamnations à mort décidées "pour l'exemple" par l'état-major français durant la Grande Guerre - cristallise de manière exemplaire les clivages idéologiques liés à la guerre froide et à la guerre d'Algérie. Cette décision des autorités helvétiques apparaît en effet comme une manière de prévenir l'antimilitarisme, en un temps où la "neutralité armée" est présentée comme indispensable pour faire face au péril venu de l'Est. Cette interdiction permet aussi d'interroger l'influence culturelle de la France sur les Etats voisins, dans un contexte où la Suisse joue un rôle diplomatique important dans le cadre de la guerre d'Algérie.
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