Les généalogies mythiques connaissent, dans toute l'Europe de la première modernité, une exceptionnelle floraison. Alors que l'âge d'or de ces récits fabuleux est passé, les Grimaldi de Monaco publient en 1647, presque à contre-courant, leurs incroyables origines, dans un ouvrage à l'allure savante, Genealogica et Historica Grimald¿ Gentis arbor. Alors que le prince Honoré II a abandonné le camp espagnol en 1641 et s'est placé sous la protection française, son secrétaire accommode la tradition familiale à la nécessité géopolitique en donnant aux maîtres de Monaco des racines françaises et un lointain cousinage avec la lignée royale. Immédiatement perçu comme une supercherie, ce livre de naturalité n'en traverse pas moins le siècle des Lumières et reste, jusqu'à la fin du xixe siècle, le corps de doctrine généalogique officiel d'une dynastie oublieuse de sa mère patrie italienne, car menacée dans sa souveraineté même par le mouvement du Risorgimento.
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