À l'aide des concepts de représentation et de pratique, l'article examine comment interpréter les choix ponctuels de langue pour la communication interpersonnelle écrite en milieu plurilingue, que ces choix paraissent singuliers ou au contraire conformistes. Le terrain considéré est la monarchie des Habsbourg, en particulier la Bohême au xviiie siècle. Après avoir étudié les ressorts du plurilinguisme dans cette région, il s'agit de définir et de qualifier ce phénomène à partir de la production livresque et de ce que nous savons des lectures des habitants. Une analyse du contenu de ces lectures permet une première approche des représentations dominantes liées aux langues (le français est utilisé plus souvent par la noblesse, les sciences sont plus souvent lues en allemand qu'en français, le latin reste présent dans le domaine du droit, etc.). Celles-ci sont confrontées aux témoignages des contemporains qui montrent en particulier la dépréciation du français, l'importance donnée à la notion de langue maternelle, le caractère social conféré à l'emploi de certaines langues. En rétrécissant le terrain et considérant un individu pour lequel nous disposons d'une documentation très fournie, il est enfin possible de mesurer la latitude laissée aux acteurs pour donner du sens à leurs prises de paroles particulières et de reconstituer les stratégies qu'ils mettent en ouvre dans des situations ponctuelles pour jouer plutôt que se soumettre à ces représentations dominantes
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