Édouard Glissant's interest in the Antilles' incomplete history which has been obliterated by the colonial system has led him to engage in a work of deciphering/clarifying any traces of the past that can be spotted in the Caribbean collective imagination and unconscious, and in the Caribbean space. Having started with these traces cum signs, which he has been inventorying since his first novels, Glissant moved on to the "thought of the trace": according to him, it enabled the Africans enslaved in the Americas, "naked migrants", to participate actively in the recreation of a culture that speaks to all. The trace strikes as one of the basic schemes of his poetics, an operator both reflexive and theoretical into which some of the key notions of his poetical and philosophical thought - creolisation, opacity, Whole-World ("Tout-Monde"), trembling thought, etc. -, which permeate his entire works, will fit. The trace, once seized by thought, is no longer associated with loss and disappearance but recovers its projective dimension. The thought of the trace thereby falls within a strategy of detour because it combines, through their sublation, loss and recreation, past/present/to come, fragility/strength and fleetingness/durability.
Son attention pour l'histoire lacunaire des Antilles oblitérée par l'ordre colonial a conduit É. Glissant à tenter de mener un travail de déchiffrage/ défrichage des traces repérables du passé dans l'inconscient et l'imaginaire collectifs comme dans l'espace antillais. Partant de ces traces-signes, dont il fait recension dès ses premiers romans, Glissant passe à la " pensée de la trace ", selon lui, elle a permis aux Africains mis en esclavage dans les Amériques, migrants nus, de participer activement à la recomposition d'une culture valable pour tous. La trace apparaît comme un des schèmes premiers de sa poétique, un opérateur réflexif et théorique sur lequel s'emboiteront quelques-unes des notions-clés de sa pensée à la fois poétique et philosophique : créolisation, opacité, Tout-monde, pensée du tremblement etc., qui innervent l'ensemble de son oeuvre. La trace, pensée, n'est plus attachée à la perte et à l'effacement mais est rendue à sa dimension projective. La pensée de la trace s'inscrit alors dans une stratégie du détour car elle allie dans leur dépassement, perte et recomposition, passé/présent/à venir, fragilité/résistance et fugacité/durée.
© 2001-2024 Fundación Dialnet · Todos los derechos reservados