L'analyse des juristes médiévaux nous montre comment la manipulation des contradictions déontiques prima facie est associée, dans l'argumentation interprétative, à la théorie de la légitimité de la hiérarchie normative, entendue non seulement comme instrument politique mais aussi et essentiellement comme un instrument de rationalité au sein d'une science juridique orientée vers une théologie politique. La notion de droit naturel telle qu'elle apparaît dans certains documents emblématiques dont le Decretum de Gratien du XIIe s., ne peut être réduite au modèle intellectualiste aristotélo-thomiste du XIIIe s.
Il y a plusieurs façons de penser le droit naturel dans le monde médiéval chrétien et latin ; elles se maintiennent sur plusieurs siècles et l'une d'elles au moins a des points de contacts et de désaccord avec les traditions juives et musulmanes. Ces courants de pensée qui s'écartent du modèle intellectualiste aristotélo-thomiste peuvent être regroupés au sein d'une famille (au sens wittgensteinien) de modèles volontaristes : les contradictions déontiques peuvent être plus fortes que des contradictions prima facie, elles peuvent être d'authentiques contradictions renvoyant à un nouvel acte de volonté comme la seule façon d'éliminer la contradiction déontique. La théorie de Duns Scot peut être utilisée comme illustrant le problème d'une approche ontologique volontariste extrême.
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