Les Gesta de Guillaume le Breton sont devenus depuis 1818 un récit canonique de Bouvines, auquel l'école méthodique s'est fiée de manière très privilégiée. C'est de fait le récit le plus dense et le plus vivant de cette bataille, ouvre d'un chapelain qui se trouvait sur place, en prière et à l'écoute des premiers récits. Si on le confronte aux autres narrations proches de la bataille dans l'espace et dans le temps, ce récit s'en tire plutôt à son avantage. Le doute ne s'installe que ponctuellement et ce qui apparaît surtout est le fait, inéluctable, qu'il comporte des lacunes et quelques partialités. D'autres sources éclairent mieux d'autres aspects de la bataille que ceux sur lesquels il insiste. Mais surtout, elles aident à bien le lire, et à corriger ainsi deux tendances d'historiens modernes : celle qui consiste à envisager le combat du roi comme une guerre très christianisée, voire sainte, et à voir comme des mercenaires impies les piétons brabançons qu¿on tue à la fin. Il est intéressant aussi de relever que Guillaume le Breton, sensible à l'honneur féodal tout en évitant de louer la futilité chevaleresque, évite aussi de voir dans Bouvines une victoire toute miraculeuse comme le voudrait une vulgate ecclésiastique pro-capétienne.
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