Morgane Le Breton, Hugo Harari-Kermadec
Dans un contexte de mise en concurrence internationale des grands établissements universitaires, l’instauration ou le relèvement des frais de scolarité semble être une évolution inéluctable. Les Écoles normales supérieures (ENS), avec leurs élèves fonctionnaires, apparaissent singulières. Dans cet article, nous étudions comment le coût des études intervient dans les choix des étudiants. Une série d’entretiens semi-directifs menés auprès d’étudiants admis à la fois à l’ENS Cachan et à l’École des hautes études commerciales de Paris (HEC) à l’issue de classes préparatoires commerciales nous permet d’appuyer et d’illustrer nos analyses sur une population pour laquelle l’accès au crédit est assuré. Nous nous intéressons en particulier à ce qui se joue, au-delà de l’aspect purement économique, dans les représentations que se font les étudiants de leurs études. Nous montrons que la question du coût interfère fortement avec celle des débouchés, une interaction anticipée par les étudiants au moment de leur choix de parcours dans l’enseignement supérieur. Dès lors, la perspective d’un emploi fortement rémunérateur imposé par l’endettement étudiant peut-elle apparaître pour certains comme une contrainte bien plus lourde qu’un engagement décennal signé avec l’État ?
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