Over the past few years, the development and application of a statistical Bayesian method on British collective graves have considerably changed our models relating to questions of chronology, time and use duration of such graves (Sévin-Allouet, 2013; Schulting, Murphy et al., 2011; Schulting, Sheridan et al., 2010; Ritchie, 2009; Bayliss & Whittle, 2007).
By taking these results as a starting point, the thesis supported throughout this work is that there is often a memorial process at work in the building and use of the first Neolithic funerary monuments in Great Britain. The fact that some pre-existing places were re-appropriated and these graves successively and intermittently used, but also the objectification phenomena in the ‘Barthian’ sense of the word — that is to say an ecstatic and conceptual connection with the world preceding its tangible material projection — would be the best examples of this process. Some rites inherent in funerary treatments in and around the graves also seem to bear witness to this will to maintain an active link between the living and the dead. Thus, these monuments would not only have had a funerary function but, first and foremost, would also have been focusing points in time and space for the first Neolithic communities. By adopting a sedentary way of life, these groups, having become agro-pastoral, would not only have settled in space but would also have sought, through their funeral monuments, to leave a trace in time, thus creating a social memory legitimating the possession of a territory whose importance had henceforth increased.
These questions are tackled throughout this work in a theoretical way by means of a phenomenological approach whose trajectory is related here, from its (ethological) origin at the beginning of the 20th century until its appropriation by the Anglo-Saxon post-procedural current — thus disrupting the paradigms previously established by Lewis Binford’s processual approach.
At the end of this work, the notions of ‘the sacred’ and ’ancestor’ are reconsidered in the light of the results obtained and the hypotheses expressed through two theoretical interludes: “the building of sacred territories” and “graves without ancestors”
Le développement et l’application ces dernières années d’une méthode statistique d’inférence bayésienne sur les sépultures collectives de Grande-Bretagne ont considérablement modifié nos modèles relatifs aux questions de chronologie, de temps et de durée d’utilisation de ces dernières (Bayliss et Whittle, 2007 ; Ritchie, 2009 ; Schulting, Sheridan et al., 2010 ; Schulting, Murphy et al., 2011 ; Sévin-Allouet, 2013).
En prenant comme point de départ ces résultats, la thèse soutenue tout au long de cet article est qu’il y a souvent un processus mémoriel à l’œuvre dans la construction et l’utilisation des premiers monuments funéraires néolithiques de Grande-Bretagne. La réappropriation de lieux préexistants et les utilisations successives et discontinues de ces tombes, mais également les phénomènes d’objectivation, au sens barthien du terme – c’est-à-dire un rapport extatique et conceptuel au monde précédant sa projection matérielle tangible –, seraient les meilleurs exemples de ce processus. Certains rites inhérents aux traitements funéraires dans et autour des sépultures semblent témoigner également de cette volonté de maintenir un lien actif entre les vivants et la communauté des morts. Ces monuments n’auraient donc pas eu qu’une fonction funéraire, mais auraient également – et avant tout – été des points de polarisations dans le temps et dans l’espace pour les premières communautés néolithiques. En se sédentarisant, ces groupes désormais agropastoraux se seraient non seulement fixés dans l’espace mais auraient également cherché, par le biais de leurs monuments funéraires, à s’inscrire dans le temps, créant alors une mémoire sociale légitimant la possession d’un territoire dont l’importance est désormais accrue.
Ces questions sont abordées tout au long de cet article de manière théorique par le biais d’une approche phénoméno-logique dont la trajectoire est ici retracée : depuis son origine (éthologique) au début du xxe siècle, jusqu’à son appropriation par le courant post-processuel anglo-saxon – bouleversant ainsi les paradigmes précédemment établis par l’approche processualiste de Lewis Binford.
Au terme de ce travail, les notions de « sacré » et d’« ancêtre » sont reconsidérées à la lumière des résultats obtenus et des hypothèses émises à travers deux intermèdes théoriques : « la construction des territoires sacrés » et « des tombes sans ancêtres ».
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