In the early 1990’s emerged a new artistic practice: participatory art. This post-studio practice is characterized by an embodied collaboration between the artist and the participants. Numerous artists are internationally renowned for their work in the field, such as Thomas Hirschhorn, Jeremy Deller, Javier Téllez or Michael Rakowitz.
One interested in this new artistic practice might encounter some frustration when trying to analyze these works: how can we analyze artworks which take the non-spectacular forms of a cooking lesson, of a craft workshop, of informal conversations between participants, of biking wanderings in the city? Where do we start? More precisely it is the work of the artist himself which becomes challenging to describe: at first sight, it seems characterized by a lack of technique or expertise. Should the artist’s work be compared to one of a facilitator as Jeremy Deller put it, as an organizer of events and meetings? Should we see participatory art as another manifestation of the deskilling phenomenon analyzed by Claire Bishop? We put forward the hypothesis that this framework of understanding is symptomatic of a lack of concepts and tools adapted to the formal specificities of this new practice. We offer to analyze the work of the artist in participatory art in the light of the concept proposed by French philosopher Gilbert Simondon: implicit form (Simondon 1965). We study conversation, crafts and cooking as materials chosen by the artist for the implicit forms they contain, for the decisive formal consequences they involve. The artistry of the artist in participatory art would be the mastering of the implicit forms of all human practices, which can be considered as the specific material of participatory art.
Au début des années 1990, apparaît une nouvelle pratique artistique : l’art participatif (participatory art). Cette dernière se caractérise d’abord par une création hors atelier : la création s’inscrit dans l’espace social. Elle se distingue ensuite par le fait qu’elle n’est pas le fruit du travail de l’artiste seul, mais celui d’une collaboration en présence entre artiste et participants. De nombreux artistes sont reconnus à l’échelle internationale pour leurs œuvres d’art participatif : parmi eux, Thomas Hirschhorn, Jeremy Deller, Javier Téllez ou encore Michael Rakowitz.
Quiconque s’intéresse à cette nouvelle pratique artistique se retrouve rapidement confronté à l’incapacité d’en rendre compte. En effet, comment analyser des œuvres qui prennent la forme non-spectaculaire d’ateliers de cuisine ou de bricolage, de conversations informelles entre participants, de déambulations à vélo dans la ville ? Plus précisément, c’est le travail propre à l’artiste qui devient particulièrement difficile à décrire : il semble à première vue caractérisé par l’abandon d’une technicité, d’un savoir-faire. Le travail de l’artiste serait-il seulement celui d’un « facilitator » selon l’expression de Jeremy Deller, d’un organisateur d’événements et de rencontres ? Serait-ce une nouvelle pratique caractérisée par un « deskilling » de l’artiste (Bishop 2011) ? Nous faisons l’hypothèse que ce constat est le symptôme d’un manque de concepts et d’outils adaptés aux spécificités formelles de cette nouvelle pratique : nous proposons d’analyser le travail de l’artiste participatif à la lumière du concept de forme implicite, tel qu’il est proposé par le philosophe français Gilbert Simondon (Simondon 1965). Nous étudions ainsi la conversation, le bricolage, la cuisine comme des matières choisies par l’artiste pour les formes implicites qu’elles recèlent, pour les conséquences formelles décisives qu’elles impliquent. L’art propre à l’artiste participatif s’apparenterait ainsi à une maîtrise des formes implicites de l’ensemble des pratiques humaines, matières privilégiées de l’art participatif.
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