Contemporary artist Jonathan Meese had come to prominence by the end of the 90’s with numerous installations and performances, a tremendous production of visual artworks quickly followed. Master in the game of provocation, he captures the darkest aspects of German history to make them part of polemical and ironical artworks, that are often served to the public along with bold public interventions. Public opinion is polarized; they are either seduced, astonished or offended.
Among the recurrent motifs of his speeches and performances, the explanation of the artist’s creative process takes a special importance. Meese constantly claims that he only serves as the medium of a force that he calls « Art », operating inside of a space outside of reality that he calls « The space of Art », a space in which he shall be granted freedom to create, that is to say, to obey to the injunctions of « Art ». One could suspect that this strategy only serves the purpose of discarding him of any responsibility for his rebellious acts, the activity observed and experienced during the fieldwork reveals that those discourses rely on a presence that is so solidly made that it becomes real indeed. Following the artist, first during a public intervention and then alongside the daily routine of his team in the intimacy of his office and atelier, the ethnography describes the various kinds of mediations that hold together the experience and the presence of Art summoned by the artist. By taking seriously his own inquiry and highlighting the modes of restitution, one is invited to give to the Art of Jonathan Meese the status of knowledge on life in general. Making this move shows us how such knowledge is always dependent on a situation, carried by singular circumstances and how it is calling for an act of faith toward the world.
L’artiste contemporain Jonathan Meese s’est fait connaître à la fin des années 1990 par des installations et des performances, puis par une production picturale importante, peintures et collages. Provocateur réputé, il se saisit des aspects les plus sombres de l’histoire allemande pour en faire le matériau d’œuvres aussi polémiques qu’ironiques, qu’il présente dans des interventions défrayant régulièrement la chronique. L’opinion est divisée, le public est séduit, médusé, parfois aussi offensé.
Parmi les motifs récurrents de ses discours et performances, l’explicitation du processus de création de l’artiste figure au tout premier plan. Il n’a de cesse de clamer la présence d’une force, « l’Art », dont il ne serait que le médium, ainsi que son appartenance à un espace hors de la réalité, « l’espace de l’Art », dans lequel il serait libre de créer, c’est-à-dire soumis aux injonctions de cette extériorité. Si l’on peut supposer que cette stratégie n’a pour but que de se dédouaner des critiques que ses provocations permanentes soulèvent, l’activité observée sur le terrain révèle que le discours de Meese repose sur la description d’une présence aussi bien construite qu’effectivement réelle. En suivant d’abord la présentation publique de l’artiste puis le travail opéré par son équipe dans l’intimité de son bureau et de son atelier, l’ethnographie permet de décrire les différentes médiations qui font tenir l’expérience et la présence de l’Art que l’artiste parvient à susciter, présence qui, à son tour, maintient l’artiste à l’œuvre. L’Art de Jonathan Meese se révèle alors dans un dispositif local, qui comporte des attitudes élaborées, des médiations institutionnelles locales et globales. La prise au sérieux de son enquête et la mise en valeur de ses modes de restitutions invitent à donner à l’Art de Jonathan Meese le statut d’une connaissance sur la vie en général. Dans ce mouvement, il apparaît que ce type de connaissance se trouve situé et porté par des circonstances singulières et appelle à un acte de foi envers le monde.
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