Les vaches existent ordinairement sous trois formes : celles des souvenirs enfantins, abondamment reprises dans la littérature ; celles dont les images envahissent les espaces publicitaires ; celles enfin, beaucoup plus discrètes, qui vivent leur vie réelle dans des exploitations agricoles. Une quatrième forme est apparue récemment sur les écrans de télévision : des carcasses poussées dans des charniers par des bulldozers après la destruction des troupeaux pour cause de contamination par un funeste et mystérieux prion. Ce sont ces dernières images qui, en ce qu'elles ont fait voir ce qui était devenu invisible, sont le motif de cet article. Après qu'il eut décrit dans le détail la vie ordinaire d'une vache réelle, et émit l'hypothèse qu'on pourrait la considérer comme un « être vivant technicisé », l'auteur propose de comprendre l'ampleur prise par le phénomène de la vache médiatisée comme étant le prolongement de cette « industrialisation ». Le réseau socio-technique comme condition de possibilité d'existence de la vache réelle doit être étendu au réseau socioculturel qui, en parallèle, tente de faire durer une représentation symbolique largement nostalgique et de plus en plus éloignée des pratiques coqncrètes. Jusqu'à ce que la folie de la vache interroge celle des hommes.
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