II est très difficile de discuter de la relation qu'entretiennent les théories physiques avec le réel. La récente affaire Sokal a mis aux prises par exemple deux thèses aussi extrêmes que simplistes, une vue purement réaliste (la physique enregistre les lois de l'univers) et une vue pleinement relativiste (la physique n'est qu'un récit parmi d'autres). Si ce débat est confus, c'est qu'on n'interroge pas assez, comme le fait Catherine Allamel-Raffin, la nature des constructions signifiantes que créent et manipulent les scientifiques et la subtilité des médiations qu'ils élaborent entre les phénomènes et eux. La nature particulière des images que créent les physiciens ne relève ni d'un simple prélèvement du réel, ni d'un pur phénomène de langage : elle joue de la complexité et de l'hybridité des rapports que les images, dans leur diversité, entretiennent avec les objets qu'elles trahissent, exhibent ou formalisent. En somme, pour parodier une formule célèbre, un peu de sémiotique nous éloigne de la science, beaucoup nous y ramène.
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