Façade ou façades romanes? [Discours de clôture]

• Autores: Willibald Sauerländer
• Localización: Cahiers de civilisation médiévale, ISSN 0007-9731, Vol. 34, Nº 135-136, 1991 (Ejemplar dedicado a: La façade romane. Actes du Colloque international organisé par le Centre d'Etudes Supérieures de Civilisation Médiévale. Poitiers, 26-29 septembre 1990), págs. 393-401
• Idioma: francés
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    The paper begins with a comparison between the Carolingian opus occidentale at Corvey and the façade of the Romanesque pilgrimage church at Borgo San Donnino in order to show the contrast between an early medieval abbey church which seems closed at its Western end and a sanctuary from the twelfth century which invites the pilgrims to enter. Romanesque façades cannot be successfully studied without taking into consideration their original context : history, local topography and liturgy. There exists no unified type of the Romanesque façade in Europe. Bulky Western towers or closed Western fronts survive right in the thirteenth century especially in the Empire. Also in the Empire the persistance of the groundplan with a double choir excludes the construction of a Western façade. Local topography fixes the placement of the main entrances to the great sanctuaries, to the tomb of the saints, often outside the Western façade. Examples are the cathedral at Santiago of Compostela or Saint-Sernin at Toulouse. In the Romanesque period the central part of the entrance into the church becomes the figure-portal with an elaborated iconographie program addressing the faithful and the pilgrims. But such portals are often found not on the exterior façade but in the interior of a narthex (Cluny, Vézelay). Portals could serve different functions : they could be stations for monastic processions, they could enhance the access to a great relic but also overshadow a cemetery as at Autun. In the light of these examples, differences and deviations the screen-façades of Western France, which are perhaps the most perfect examples of an ideal Romanesque façade, must be rather regarded as a splendid exception.

  • français

    Cet article commence par une comparaison entre l'opus occidentale carolingien de Corvey et la façade de l'église romane de pèlerinage de Borgo San Donnino afin de montrer le contraste entre une abbatiale du haut moyen âge qui semble fermée à son extrémité occidentale et un sanctuaire du XIIe s. qui invite les pèlerins à entrer. On ne peut étudier avec succès les façades romanes sans prendre en considération leur contexte originel : histoire, topographie locale et liturgie. Il n'existe pas de types unifiés de façades romanes en Europe. Tours massives à l'ouest ou façades occidentales fermées ont bien survécu au XIIIe s., notamment dans l'Empire. C'est là aussi que la persistance du plan avec chœur double exclut la construction d'une façade occidentale. La topographie des lieux fixe l'emplacement des entrées principales vers les grands sanctuaires ou les tombeaux des saints souvent en dehors de la façade occidentale (par exemple à Saint-Jacques de Compostelle ou Saint-Sernin de Toulouse). À l'époque romane, la partie centrale de l'entrée de l'église devient le portail historié au programme iconographique élaboré qui s'adresse aux fidèles et aux pèlerins. Toutefois ce n'est pas souvent sur la façade extérieure que de tels portails apparaissent, mais à l'intérieur d'un narthex (Cluny, Vézelay). Les portails ont pu remplir diverses fonctions : stations pour les processions monastiques, ils pouvaient également être destinés à mettre en relief l'accès vers de grandes reliques, mais aussi abriter un cimetière comme à Autun. À la lumière de ces exemples, de ces différences, de ces « déviations », les façades-écrans de la France de l'Ouest, qui sont peut-être le type le plus parfait d'une façade romane idéale, doivent être considérées plutôt comme une splendide exception.