Avant la Première Guerre mondiale, les autorités allemandes avaient établi des listes noires de proscription d’Alsaciens-Lorrains francophiles susceptibles d’être arrêtés et internés en résidence surveillée en cas de guerre franco-allemande. Mis en application dès le 31 juillet 1914, cet équivalent du Carnet B français se prolongeait souvent par une détention préventive de sûreté appelée Schutzhaft. 4 500 Alsaciens et Lorrains de toutes conditions sociales connurent des destinées diverses comme l’internement dans des camps ou l’exil intérieur dans l’ensemble de l’Empire allemand. Sujet de tension entre les autorités civiles et militaires allemandes, ce système extrajudiciaire contribua aussi au retournement de l’opinion publique du Reichsland en faveur de la France. Après la guerre, ces proscrits reçurent une reconnaissance officielle avec la création de la médaille de la Fidélité française et constituèrent une mémoire spécifique portée par des associations de souvenir comme l’Association des Proscrits d’Alsace ou celle des incarcérés d’Ehrenbreitstein.
© 2001-2025 Fundación Dialnet · Todos los derechos reservados