Le SDECE en Indochine constitue une frontière historiographique méconnue dans l’écriture de l’histoire du fait guerrier et dans l’histoire du renseignement. Ces deux notions, elles-mêmes, ont longtemps peiné à être associées par les travaux de recherche. Ou plus exactement, elles l’ont été sous un prisme spécifique : les actions clandestines. Cette réunion a initialement été le fait de vétérans du service Action du SDECE, qui se sont employés des années 1970 aux années 2000 à témoigner de leur guerre clandestine en Indochine. Car ce terrain asiatique colonial a porté sur les fonds baptismaux le service Action du SDECE : le retour d’expériences des petites unités parachutées quasiment dépourvues de moyens aux premiers mois de 1945, et qui ont dû faire face à l’offensive japonaise puis à l’insurrection du Vietminh, ont constitué le creuset du service Action. En se basant sur leur retour d’expérience, le colonel Henri Fille-Lambie, alias Jacques Morlane, présente en janvier 1946 le rapport qui fonde le service Action du SDECE dont il prend aussitôt la direction. L’écriture de l’histoire du SDECE en Indochine est d’abord le fait de vétérans du service Action. Ces vétérans ont soit choisi de témoigner auprès de journalistes d’investigation qui ont rédigé les premières grandes synthèses d’histoire du renseignement français, soit décidé de prendre eux-mêmes la plume. Le commandant Raymond Muelle (1921-2013), le colonel Jean Sassi (1917-2009) et le journaliste Erwan Bergot (1930-1993) comptent parmi les auteurs les plus connus de cette histoire écrite par les « anciens »…
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