L’article se propose d’analyser, à partir d’une lecture stratifiée de »Le Lion s’en allant en guerre« (V,19), le rapport de Jean de La Fontaine au pouvoir politique. Cette fable se prête à deux interprétations bien distinctes, l’une corroborant le conformisme, l’autre dégageant les intentions subrepticement subversives de l’auteur. De ce fait, le texte confronte le lecteur avec la leçon paradoxale que les fables peuvent être exploitées à des fins différentes, voire contraires. La question »classique« de la critique visant à éclairer la position idéologique du fabuliste présupposait une notion d’utilité du texte littéraire dont on peut douter qu’elle ait été partagée par La Fontaine lui-même. La pertinence de la fable pour les temps modernes réside moins dans une critique des structures du pouvoir que dans la réflexion qu’elle suscite sur l’indispensable inutilité de la littérature et de la philologie.
© 2001-2024 Fundación Dialnet · Todos los derechos reservados