En Grèce, la systématisation des productions de pièces grecques anciennes au Théâtre National, notamment après l’inauguration du Festival d’Épidaure dans les années 1950, a introduit et recyclé un modèle interprétatif et performatif largement « classiciste » – et ce recyclage constant a ritualisé, à son tour, sa propre continuité, fixant peu à peu ce que l’on jugeait être le code performatif « authentique », à savoir un code « national », « fidèle » aux textes, significations, héros, etc., originels. Depuis les années 1980, les codes performatifs ont pu se diversifier, mais les codes interprétatifs restent essentiellement classicistes, encourageant un théâtre d’« admiration » qui voue un culte aux héros. Cet essai commence par la mise en scène d’Électre au Théâtre National de Grèce par Peter Stein en 2007. Peter Stein fut le premier metteur en scène non grec à entamer une mise en scène de la Tragédie antique pour le théâtre d’ Epidaure, avec des acteurs grecs et le Théâtre National. Sont ici aussi discutées plusieurs représentations des tragédies, européennes et grecques, pour montrer qu’un certain « classicisme » imprègne aussi la compréhension néo-hellénique de la culture grecque ancienne – c’est à dire les savoirs communément répandus sur l’Antiquité – afin de servir l’idée (et l’idéologie) d’une continuité « nationale » avec le passé antique.
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