Dans cet article, je me propose d’étudier les deux grands récits rétrospectifs que l’on trouve dans les Phéniciennes d’Euripide : le monologue de Jocaste, dans le prologue (vers 1-82), et les lamentations d’Œdipe, dans l’exodos (vers 1595-1614). L’étude approfondie de deux épisodes de l’histoire d’Œdipe qui apparaissent dans les deux passages (la victoire contre la Sphinge et l’oracle fait à Laïos par Apollon) me permet de montrer que ces deux récits doivent être lus en parallèle et que, sans être contradictoires, ils apportent deux visions différentes de la même histoire. Tandis que Jocaste énonce les faits tout en atténuant les liens de cause à effet qui les unissent, Œdipe choisit et présente les événements de façon à réduire sa part de responsabilité. Euripide propose ainsi deux versions de la même histoire ; placées au début puis à la fin de la tragédie, elles peuvent apparaître comme un nouveau passage de l’ignorance à la reconnaissance du rôle des dieux dans l’histoire des personnages.
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