Une histoire désenclavée du syndicalisme ouvrier

• Autores: Nicolas Delalande
• Localización: Mouvement social, ISSN 0027-2671, Nº. 264, 2018, págs. 3-13
• Idioma: francés
• Texto completo no disponible (Saber más ...)
• Resumen

  • Que peut-on encore écrire sur l’histoire des syndicats que l’on ne sache déjà ? Le renouveau de l’histoire sociale et de l’histoire ouvrière s’opère souvent à travers un contournement des organisations, de leurs structures et de leurs logiques d’action, au profit d’une histoire plus attentive aux expériences vécues, aux subjectivités et aux politisations informelles. Tout l’enjeu des deux articles réunis dans le présent dossier du Mouvement social consiste à démontrer que l’histoire syndicale n’est pas vaine, dès lors qu’elle assume de se confronter à d’autres champs historiographiques (histoire de l’humanitaire, du communisme global, du droit social et de la construction européenne, histoire des migrations) pour repenser son objet. Dans les deux cas, c’est la CGT, sans doute l’organisation la mieux connue du paysage syndical français, qui est au centre de l’attention, dans des rôles méconnus. Célia Keren s’intéresse à son implication dans le mouvement d’accueil des enfants réfugiés de la guerre d’Espagne, au sein d’une vaste constellation d’associations, de coopératives et de militants de gauche. Emmanuel Comte, quant à lui, explore la stratégie de la CGT dans le conflit qui, entre 1971 et 1975, oppose le gouvernement français à la Commission européenne, au sujet de l’ouverture de la marine marchande à la main-d’œuvre communautaire. Deux contextes très différents, les années 1930 et les années 1970, pour deux images inversées : dans un cas, le syndicat fait œuvre sociale et humanitaire, recevant et plaçant des enfants victimes d’une violente guerre civile ; dans l’autre, l’organisation déclenche des grèves pour s’opposer à l’arrivée de travailleurs étrangers et faire pression sur les autorités françaises pour qu’elles renoncent à appliquer certaines dispositions du traité de Rome de 1957. On perçoit là deux modalités opposées de la relation du syndicat au monde extérieur, qui peut à la fois participer à une campagne de solidarité en faveur d’enfants réfugiés, et défendre une vision protectionniste du marché du travail…