La complexité linguistique du contexte caribéen oblige tout auteur littéraire à choisir une langue (ou plus d’une langue) à l’intérieur du très large éventail offert par le continuum créole, qui va du créole aux langues européennes arrivées dans les îles à travers la colonisation. La situation de la langue créole dans les Antilles francophones est particulièrement intéressante, parce qu’elle nous révèle l’histoire d’une langue niée ou réduite au silence parfois par ses propres locuteurs, et aussi par les grands auteurs de l’espace caribéen francophone, comme on le verra en analysant le rapport avec la langue créole et la langue française d’auteurs de générations différentes, de Césaire et Glissant à Confiant et Chamoiseau. Au lieu de juger ces auteurs et leurs choix linguistiques, on fera dans cet article une lecture de leur relation complexe et parfois ambiguë avec ces deux langues, et l’influence que cela a eu sur la naissance d’une littérature en créole en Martinique. L’entretien, avec sa caractéristique d’immédiateté et de spontanéité, se révèlera en ce sens un instrument important d’analyse d’une pensée instable et en mouvement constant, qui nous aidera à dévoiler non seulement les résultats des réflexions de ces auteurs à propos d’une langue en particulier, mais surtout la possibilité d’utiliser cette histoire d’oppression comme point de départ pour une nouvelle perception du rôle que toute langue peut jouer dans la création littéraire de la Caraïbe
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