Relying upon a combination of ethnomethodological and sociological tools provided by Hochschild’s (2003 [1983]) theory of emotional labour, this article examines the concept of the interpreter’s neutrality as a form of feeling management at work which requires interpreters to align their behaviours with the norms shaping each interpreting setting. Drawing on the interviews conducted between March and August 2018 with twenty-one interpreters working in various social, cultural, and institutional settings, the study describes the interpreter’s emotional labour in the context of conference interpreting, and argues that the interpreter’s actual task of becoming the voice of the speaker intrinsically involves emotional labour. Achieving neutrality entails suppressing personal beliefs and displaying certain emotions which may not always be genuine in some contexts, and tending to the needs of clients in others. The conceptual framework of emotional labour offers an important analytical tool to re-visit theoretically and empirically not only the notion of the interpreter’s neutrality from a critical perspective, but also the incoherence of professional codes of practice, which oftentimes leaves interpreters in a practical and ethical quandary.
En s’appuyant sur une combinaison de perspectives ethno-méthodologiques et sociologiques offertes par le concept de « travail émotionnel » développé par Hochschild (2003 [1983]), le présent article étudie la neutralité de l’interprète comme une forme de gestion des émotions au travail qui demande aux interprètes de mettre leur comportement en conformité avec les normes régissant chaque contexte d’interprétation. Partant d’une série d’entrevues menées entre mars et août 2018 avec vingt et un interprètes provenant de divers contextes sociaux, culturels et institutionnels, la présente étude décrit le travail émotionnel de l’interprète dans le contexte de l’interprétation de conférence et fait valoir que la tâche véritable de l’interprète, qui consiste à devenir la voix de l’orateur, exige un travail émotionnel. Le fait d’atteindre la neutralité a pour nature, dans certains contextes, d’éliminer des convictions personnelles et d’afficher des émotions qui ne sont pas toujours authentiques et, dans d’autres, de veiller aux besoins des clients. Le concept de travail émotionnel constitue un outil analytique important, non seulement pour interroger théoriquement et empiriquement la notion de la neutralité de l’interprète, mais également pour mettre en relief l’incohérence des codes de déontologie qui placent souvent les interprètes devant un dilemme éthique et matériel.
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