Túnez
Bien que les informations fournies par les sources arabes médiévales concernant le passé pré-islamique de l’Afrique du Nord sont souvent fort maigres et pleines de confusions et d’amalgames, l’image qu’elles fournissent de la situation religieuse de l’Afrique du Nord au VIIe siècle n’est pas assez éloignée de celle que nous donne la documentation classique gréco-latine. Si la majorité absolue de la population africo-romaine était christianisée, le monde tribal africain était, quant à lui, partagé entre ceux qui ont adopté la religion chrétienne et ceux qui ont conservé leur polythéisme traditionnel. Au moment de leur invasion au VIIe siècle, les Musulmans ne semblent pas avoir accordé une grande importance aux attitudes religieuses des peuples conquis. La ligne de démarcation était entre ceux qui acceptent de se soumettre aux nouveaux maitres et ceux qui s’en opposent. Les tribus christianisées, liées par des traités d’alliances avec le pouvoir romain, ont brandi l’étendard de la résistance. Les tribus païennes, déjà en lutte ouverte contre le régime en place, n’avaient pas un seul mot d’ordre. Ceux qui se sont soumis, comme les Lawāta et bien d’autres, correspondent mal au cadrage juridique tardif conçu par les fuqaha du IXe siècle pour le statut des dhimmi. C’est seulement pour les y ajuster, qu’on leur appliqua l’épithète maǧūs, dénudé de toutes ces connotations primitives en rapport avec le zoroastrisme perse.
Although the information provided by mediaeval Arabic sources about the Pre-Islamic history of North Africa is often scant and confused, the description they give of the religious situation in this region in the 7th century is not far removed from that given by the classical sources. The majority of the African-Roman population was Christianised, but the local tribal world was divided between those who adopted the Christian religion and those who retained their traditional polytheism. When they invaded North Africa, the Muslims did not seem to have given much importance to the religious beliefs of the conquered peoples, instead merely distinguishing between those who agreed to submit to the new masters and those who opposed them. Bound by treaties of alliance with Roman power, the Christianised tribes raised the banner of resistance, whereas the pagan tribes, already in open struggle against the regime in place, did not adopt a united front. Those who submitted, such as the Lawāta and many others, sat uneasily within the late legal framework devised by the 9th century fuqaha concerning the status of the dhimmi. It was solely to remedy this situation that the epithet maǧūs was applied to them, stripped of all its primitive connotations in connection with Persian Zoroastrianism.
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