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De la Santé vers Drancy: Trajectoires de persécution des contrevenants au statut des juifs en France (1941-1944)

    1. [1] Centre d’études sociologiques et politiques Raymond Aron (CESPRA)
  • Localización: Annales, histoire, sciences sociales, ISSN-e 1953-8146, ISSN 0395-2649, Vol. 76, Nº 3, 2021, págs. 547-579
  • Idioma: francés
  • Enlaces
  • Resumen
    • English

      Individuals convicted by the correctional court of the Seine for breaking the law of June 2, 1941, on the status of Jews were sent to the Santé prison in Paris. The systematic study of the registers of these detainees between July 1941 and the Liberation highlights the pivotal role of the French prison in the internment and deportation of Jews. This article uses little-studied legal archives to shed light on the punishment of offences under the French laws on Jewish status. It also seeks to elucidate the process of the “provisional consignment” of Jews at the end of their sentences in cooperation with the German authorities. Reconstructing the trajectories of their persecution by crossing prison registers with police archives reveals that these detainees were not released at the end of their sentence as the judicial archives suggest, but were instead placed by the French authorities in provisional consignment before being interned in the camp at Drancy. This extrajudicial measure was first applied to foreign Jews and then extended to French Jews from October 1941. Previously unremarked by scholars, this specifically French tool of anti-Jewish persecution was well understood by the judges and police officers of the time. It thus contributed to the genocide of the Jews by moving them from the Santé prison to Drancy, where they remained until their deportation to Auschwitz from March 1942.

    • français

      L’étude systématique des registres d’écrou des hommes détenus à la maison d’arrêt de la Santé à Paris entre juillet 1941 et la Libération, inculpés par les juges du Tribunal correctionnel de la Seine d’infraction à la « loi » du 2 juin 1941 portant statut des juifs, met en évidence le rôle pivot de la prison française dans l’internement et la déportation des juifs. Cet article propose d’une part d’éclairer la répression pénale française de ces infractions sur la base d’archives judiciaires inédites donnant accès aux discours des acteurs et, de l’autre, de révéler le fonctionnement de la « consignation provisoire » postcarcérale des juifs en lien avec le pouvoir allemand. En effet, la reconstitution de leurs trajectoires de persécution, par le croisement des registres d’écrou et des archives policières de la persécution antijuive, a montré que, contrairement à ce que la lecture des archives judiciaires laissait penser, ces détenus n’ont pas été libérés à l’issue de leur peine, mais ont fait l’objet, de la part des autorités françaises, d’une mesure de sûreté, prélude à leur internement au camp de Drancy. Celle-ci s’est d’abord appliquée aux juifs étrangers, pour s’étendre ensuite aux juifs français à partir d’octobre 1941. Jusqu’alors passé inaperçu, ce rouage français de la persécution antijuive, bien connu des acteurs des mondes judiciaire et policier de l’époque, a ainsi contribué au génocide des juifs en les menant de la Santé à Drancy jusqu’à leur déportation vers Auschwitz dès mars 1942.


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