Arrondissement de Grasse, Francia
Arrondissement de Palaiseau, Francia
The recent excavation of level ALB-42 of Valle Giumentina open air site (Italy) has yielded 407 lithic artefacts and some Red Deer bone fragments, showing anthropic marks. Lithic refits appear in this clayey-silty paleosol developed during an interstadial phase, assigned to MIS 12b (c. 450 ka) according to sedimentary studies and radiometric dating (40Ar/39Ar and ESR-U/Th). Here we present taphonomic and spatial studies and a techno-economic approach including archeozoology, petrography, technology and use-wear analysis on artefacts. Good quality cherts were selected mainly from the immediate surroundings. They were brought into the site as small blocks or big flakes. Tool making or retouching are sometimes made on the spot. Tools are used for wood processing and butchery during brief but recurrent activities. A techno-morphological diversity of lithic products appears leading us to discuss intra- and extra- site diversity within the Lower Paleolithic of Italy and MIS 12 settlements in Europe.
a diversité typo-technique des industries lithiques du Paléolithique inférieur européen est avérée mais nul ne saurait encore l'expliquer en termes fonctionnels et techno-économiques. La rareté des sites, en particulier en période glaciaire, leur qualité de conservation variable et une faible résolution chronologique et paléoenvironnementale des occupations constituent un autre verrou majeur à la connaissance du peuplement humain au Pléistocène moyen.Aussi avons-nous ouvert de nouvelles fenêtres stratigraphiques sur le site en plein air de Valle Giumentina, objet de fouilles dans les années 1950 par A.M. Radmilli. Situé dans le massif calcaire riche en silex de la Maiella (Abruzzes, Italie centrale), c'est un bassin d'1 km² désormais suspendu à 740 m d'altitude, empli de sédiments sur près de 45 m d'épaisseur en son centre. Une incision récente profonde de 25 m offre l'accès aux dépôts lacustres, palustres, glaciaires et aux paléosols interstratifiés contenant 11 niveaux archéologiques. Cette exceptionnelle séquence sédimentaire s'est mise en place entre les MIS 15 et 12, et les occupations humaines peuvent être datées entre 585 ka et 450 ka environ (Nicoud et al., 2016a ; Villa et al., 2016a, 2016b).Une aire de 55 m² a été fouillée de 2012 à 2015 dans le niveau archéologique supérieur in situ nommé ALB-42. Cette couche d'argiles limoneuses brunes à structure prismatique comporte des sables calcaires et des graviers de silex, des fragments de verres volcaniques fortement altérés et des minéraux volcaniques épars, d'origine détritique. L'horizon pédologique est très homogène avec des traits de bioturbation et d'assèchements et gonflements des argiles. ALB-42 correspond à une phase climatique tempérée et humide pendant une période glaciaire, permettant le développement de ce sol mature à fortes caractéristiques hydromorphes. Une nouvelle datation exposée ici (454.5 ± 5.0 ka, méthode 40Ar/39Ar), cohérente avec une datation ESR-U/Th sur dent de Cerf du même niveau archéologique, attribue ALB-42 au MIS 12. Les données sédimentologiques et paléoenvironnementales affinent cette attribution et le corrèlent à l'interstadiaire MIS 12b.Quatre cent sept pièces lithiques sont apparues ainsi que 55 fragments d'os de Cerf dont certains présentent des traces anthropiques. 12 unités de remontages lithiques, bien circonscrites dans l'espace, regroupent un total de 52 pièces. Les surfaces souffrent peu d'altérations mécaniques. Un aspect brillant et une légère patine blanche sont présents sur la plupart des pièces, ce qui est cohérent avec un sol hydromorphe en milieu argileux. L'évaluation taphonomique atteste ainsi d'une cohérence de l'assemblage archéologique suffisante pour mener une étude techno-économique, fondée sur l'étude des chaînes opératoires de production lithique.
L'étude pétrographique décrit notamment les deux grandes familles de silex de la Maiella qui constituent la quasi-totalité du mobilier, réparti en une quinzaine d'unité de matières premières (RMU). Des silex de très bonne qualité ont été sélectionnés dans un conglomérat voisin et apportés sur le site sous forme de petits blocs ou de gros éclats, voire d'outils finis, ne dépassant jamais 15 cm de long et pesant au maximum 800 g. Un stock de silex d'origine plus lointaine (Maiolica) est aussi importé sous forme d'éclats épais.Le façonnage bifacial est absent. On compte 5 nucléus stricto sensu. Le débitage relève d'un même concept de taille exploitant un ou plusieurs sous-volumes du nucléus selon plusieurs méthodes sans préparation des surfaces et par percussion directe interne à la pierre dure. Parfois, un RMU montre une production récurrente d'un morphotype d'éclat et/ou de tranchant mais, en général, le débitage fournit un large panel de supports. Les éclats à dos sont rares. Une caractéristiquemajeure de la série est la présence d'éclats épais, dont la fonction est questionnable : outils et/ou nucléus ? Parfois, la présence d'une retouche régularise le tranchant de la pièce-outil mais les nucléus ne sauraient être ici les seuls pourvoyeurs des nombreux éclats. On compte 38 éclats retouchés. La retouche est toujours directe, mais les tranchants réalisés varient fortement dans leur délinéation ou leur angle. Typologiquement, les outils sont des racloirs latéraux, des denticulés, et une pièce porte un museau. La convergence de deux segments du tranchant peut créer une pointe robuste. 26 pièces portent des traces d'utilisation peu marquées, en raison d'un emploi sur des matériaux tendres et/ou une utilisation brève. Le travail du bois est aussi attesté (raclage).
Valle Giumentina ALB-42 apparaît comme un site occupé de manière récurrente pendant le MIS 12b et dédié à des activités spécifiques au sein d'un territoire. Des activités de boucherie ont pu être reconnues. L'image d'une présence pérenne des populations dans les environs du site émerge, renforcée par les nombreux niveaux d'occupation du site, aussi bien en période glaciaire qu'interglaciaire. Le site nous amène à nous interroger sur les éléments de continuité plutôt que de changements, en particulier techno-économiques, au cours des 135 000 ans enregistrés dans la séquence. ALB-42 présente une industrie originale dans le panorama du Paléolithique inférieur italien peut-être liée à un contexte pétrographique caractérisé par une matière première abondante et de qualité. Des comparaisons sont menées avec cinq sites européens attribués au MIS 12, dont les contextes sont précisés ici, sans que des ressemblances typo-techniques n'apparaissent clairement. Toutefois, l'utilisation de matières premières locales est la norme tout comme l???absence de préparation des nucléus. Les outils retouchés ou non, sont de morphologie très variée.Pour être affinée, notre connaissance des sociétés du Paléolithique inférieur requiert aujourd'hui une multiplication de données issues de sites dont la datation peut être précisée par un croisement d'indices jusqu'au sous-stade isotopique, et la cohérence des vestiges, avérée par l'analyse taphonomique. Quatre autres niveaux bien préservés ont été fouillés récemment à Valle Giumentina (du MIS 13b au MIS 12b). Ils viendront abonder cette accumulation nécessaire.
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