Malgré la résistance, voire les protestations, de la population négro-africaine ou sub-saharienne (Halpulaaren, Soninké et Wolofs), la place de l’arabe ne cesse de gagner du terrain en Mauritanie. Face au français qui a perdu son statut de langue officielle en 1991, c’est l’arabe standard qui semble le grand gagnant. Cependant le dialecte arabe ḥassāniyya se maintient comme langue maternelle de l’ensemble de la communauté maure (les Bīđ̣ân) et son usage tend même à s’étendre dans la rue comme langue de communication. Depuis les années 1970, des formes mixtes sont apparues, notamment dans les productions à visée politique, mais dans l’ensemble, les sphères d’emploi des formes non mixtes sont restées bien différenciées, aussi bien à l’oral qu’à l’écrit. L’usage des nouvelles technologies n’a pas apporté de bouleversement radical: le choix du dialecte ou de l’arabe littéraire continue à dépendre à la fois du locuteur, du thème et du point de vue énonciatif. Cependant, alors que ce choix ne concernait, auparavant, que les productions orales, il s’est étendu dorénavant à l’écrit, certains Mauritaniens n’hésitant plus à communiquer en ḥassāniyya par écrit. C’est notamment cette évolution que je me propose de montrer à travers l’étude de messages reçus par WhatsApp. Le corpus constitué au cours de l’année 2019–2020 comprend des enregistrements audio, des vidéos et des textes écrits. Ceux-ci nous ont été réexpédiés par des Mauritaniens bien informés qui les avaient sélectionnés pour leur intérêt particulier (politique, social ou esthétique). Parmi eux, une dizaine de messages concerne la crise du Covid-19 qui a donné lieu à des prises de position relativement tranchées.
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