Le propos de cet article est de relever, dans une approche comparative, la versatilité du rôle des objets de collection dans le processus de remémoration chez les collectionneurs de certains romans de Pascal Quignard. L’analyse du discours mémoriel des collectionneurs relève deux aspects : un rapport différent à la valeur de l’objet (muséal ou intime) et le pouvoir de déclencher des émotions. Le discours balance entre une évocation impersonnelle, qui met l’accent sur l’importance matérielle, la dimension testimoniale et esthétique des objets d’art d’époques anciennes et une description passionnée et subjective de petits objets banals, mais chargés de significations psychologiques. L’article démontre que se rapporter excessivement aux objets-temps/trace en vertu de leur valeur documentaire ou commémorative débouchera sur un échec de la démarche mémorielle. Paradoxalement, le collectionneur reste toujours à la recherche de la mémoire perdue, malgré l’excès de preuves matérielles qu’il détient.
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