The chancellery letters reported by later sources were often altered. These letters have been preserved and transmitted to us following a threefold process of selection, fragmentation and modification. Among the victory letters produced by the Almohad chancellery is the one written by Ibn ʿAṭiyya (516/1123-553/1158) informing the ruler Abd al-Mumin of Abū Ḥafṣ al-Hintī’s victory over the rebel ʿUmar al-Massī (541/1148). Presented in the sources as a model, this letter was nevertheless taken up by chroniclers, geographers or anthologists subsequent to the Almohad dynasty, it was reworked, rewritten by deleting words and phrases or adding to them. But beyond the errors of copying, the fact of including or not including certain words in the manuscript is a choice made by the author, which makes sense. These changes are not numerous, but they open the way to other interpretations of the event history and ideology of the Almohad movement and bear witness to the desire of these authors to add their own touch to the history and literature of the Ancients, so much so that the transformations reflect their respective literary, dogmatic or psychological concerns. Thus, the anthology of the Iḥāṭa tackles the dogmatic substance of the letter, while the Rawḍ embellishes its literary character and the most recent chronicle, the Istiqṣā, reacts to the “Shiite” tendencies of the document.
Les lettres de chancellerie qui ont été rapportées par les sources postérieures ont été souvent transformées. Ces lettres nous sont conservées et transmises en suivant un triple processus de sélection, fragmentation et modification. Parmi les lettres de victoires produites par la chancellerie almohade, celle rédigée par Ibn ʿAṭiyya (516/1123-553/1158) informant le souverain Abd al-Mumin de la victoire d’Abū Ḥafṣ al-Hintī contre le rebelle ʿUmar al-Massī (541/1148). Présentée dans les sources comme un modèle, cette lettre a été pourtant reprise par les chroniqueurs, les géographes ou les anthologues postérieurs à la dynastie almohade, elle fut remaniée, réécrite en supprimant des mots et des phrases ou en en rajoutant. Mais au-delà des erreurs de copie, le fait de reprendre ou non certains mots dans le manuscrit relève d’un choix de l’auteur, qui a un sens. Ces modifications ne sont pas nombreuses mais elles ouvrent la voie à d’autres interprétations de l’histoire événementielle et de l’idéologie du mouvement almohade et témoignent de la volonté de ces auteurs d’apporter leur touche à l’histoire et à la littérature des Anciens, si bien que les transformations relèvent de leurs préoccupations littéraires, dogmatiques ou psychologiques respectives. Ainsi l’anthologie de l’Iḥāṭa s’attaque au fond dogmatique de la lettre, pendant que le Rawḍ embellit son caractère littéraire et que la chronique la plus récente, l’Istiqṣā, réagit devant les tendances “chiites” du document.
© 2001-2025 Fundación Dialnet · Todos los derechos reservados