Cet article se penche sur les notions d’usage et de bon usage dans les chroniques de langage de Suisse romande dans la 2e moitié du 20e siècle. Considérant ces deux notions comme des idéologies langagières, je cherche à explorer l’autorité qui s’en dégage dans deux genres différents, chez quatre auteur-e-s: les chroniques puristes et les chroniques descriptives scientifiques. On remarque d’une part que les auteurs puristes, pour qui “usage” renvoie immanquablement à “bon usage”, se cachent souvent derrière ce masque pour se donner une autorité qui paraisse plus “naturelle”. Les sources du bon usage restent fidèles à la tradition épilinguistique française. Au contraire, les auteur-e-s scientifiques dénoncent cette iconisation de l’usage et en introduisent une nouvelle définition: l’usage devient pluriel. Cette inclusion de la variation au sein du “bon usage” évolue durant le 20e siècle. Elle apparait en filigrane dans les articles de Redard dès les années 1950 lorsqu’il retourne l’argumentation puriste contre elle-même: les citations de grands auteurs commentant des “fautes”, lui permettant de légitimer celles-ci. Matthey dès les années 1980 met en question la notion même de norme et introduit un nouvel acteur à qui elle confert l’autorité de l’usage: le/la francophone, l’usager de la langue française
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