De la période roumaine à la période française, l’image de la France dans les œuvres de Cioran évolue notablement : et c’est cette modification non dépourvue des constantes que cet article étudie à partir de quelques œuvres dont Cahiers, œuvre a priori non destinée à la publication mais qui nous permet de mieux comprendre ce que pense l’exilé roumain installé à Paris. En quarante ans (1930-1970), on passe d’une France livresque comme modèle héroïque offert à la nation roumaine jugée apathique à l’arpentage d’une France réelle, qui, du coup, ressemble étrangement par certains aspects à la Roumanie honnie des années 1930. Celui qui ne peut plus rentrer dans son pays originel lors de randonnées en Ile de France apprécie des églises romanes ou des paysages qui renvoient de façon plus ou moins explicite à la Roumanie modeste avec laquelle il semble se réconcilier. On consacrera aussi une partie de notre étude à Paris, ville où est examinée la décadence d’un peuple jadis glorieux et pour laquelle l’écrivain éprouve un sentiment ambigu où se mêlent fascination et répulsion.
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