La douloureuse expérience de la II Guerre mondiale, plus précisément l’utilisation des armes nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki a produit un impact dramatique dans la conscience de l’humanité. En principe, la fin de la guerre froide et l’essor du "nouvel ordre mondial" caractérisé par la disparition du système de sécurité bipolaire supposerait un changement de la réalité internationale vers l’établissement de la paix et de la sécurité. On pensait que désormais les conflits vont se résoudre par des méthodes pacifiques et consensuelles, ce qui mènera à l’évaporation de toute possibilité de confrontation nucléaire, et par la suite ; la diminution de l’importance des armes nucléaires dans les politiques de sécurité et de défense des Etats. Cela pourrait conduire à la consolidation de la coopération internationale, surtout dans le domaine de désarmement et non prolifération nucléaire, en limitant ainsi les menaces liées à ce phénomène. Cependant, la réalité internationale montre que la communauté internationale n’a pas pu mettre en pratique des politiques communes basées sur une forte coopération internationale, émanant d’une perception partagée des menaces de la prolifération nucléaire. Par contre, cette réalité est dominée par l’opacité et l’incertitude, d’où l’arme nucléaire joue encore un rôle important dans les relations de sécurité internationale.
En effet, après la fin de la deuxième guerre mondiale de nouveaux Etats ont commencé à apprécier l’utilité de l’arme nucléaire comme meilleur instrument qui permet d’atteindre les objectifs de leurs politiques extérieures à l’instar des premiers Etats nucléaires. Par conséquent, on est face à une nouvelle dimension : les puissances nucléaires maintiennent leurs arsenaux, les Etats en dehors du Traité de Non Prolifération Nucléaire se sont multipliés, tandis que les Etats signataires du Traité le violent en agissant dans ces limites. Aujourd’hui, la menace ne se limite pas uniquement à l’hypothèse de l’utilisation physique de cette arme, mais la prolifération nucléaire favorise autres risques plus graves encore, dérivés des autres menaces de la sécurité internationale, à savoir ; les conflits régionales latentes, les rivalités internationales d’hégémonie et de suprématie, ainsi que le terrorisme nucléaire, entre autres. Dans ce sens, l’Asie est considérée actuellement comme étant "le continent nucléaire". Cette zone est caractérisée par la relation ambigüe qui maintient ces pays avec cet armement. Il s’agit de trois zones géopolitiques avec trois cas de programmes spéciaux de prolifération nucléaire qui suscitent de vraies inquiétudes au niveau régional et international. On se réfère ici au programme nucléaire de la Corée du Nord, aux armes nucléaires du Pakistan, et le programme nucléaire de l’Iran. Pour faire face à cette dynamique de prolifération, la communauté internationale prétend consolider le régime international de désarmement et de non prolifération nucléaire. Ce système international se base sur une panoplie d’instruments et de mécanismes, traités et accords internationaux/ régionaux.
Sur le cadre théorique de ce travail, en général les études sur les questions de sécurité et de défense font partie d’un domaine de recherche traditionnel de l’école réaliste. Les auteurs réalistes perçoivent la réalité internationale sous le prisme de rapports de force, de pouvoir et de domination. Au centre de ce courant doctrinal, on trouve le réalisme politique dans sa version classique (Niebuhr, Morgenthau, Aron, Carr, Kissinger ou Kennan) et néoréaliste (Keohane, Waltz ou Gilpin). Le fondement des théories adoptées par ces auteurs est que la réalité internationale est conflictuelle et anarchique. De fait, le maintien des premières puissances internationales de ces capacités nucléaires, l’incessante modernisation de leurs forces d’une part, et la course vers la prolifération nucléaire de nouveaux Etats nucléaires sont les vrais exemples de la validité de la théorie réaliste jusqu’à nos jours. Dans ce sens, il apparaît que la phrase de Hans Morghentau résume cette conception: "la politique internationale, comme toute politique est un conflit pour le pouvoir. Quoiqu’ils soient les objectifs ultimes de la politique internationale, le pouvoir est toujours l’objectif immédiat". Ce qui complique encore plus cette réalité sont les changements qui ont eu lieu ces dernières années ; à savoir : l’instabilité politique et de sécurité de plusieurs pays et régions dans le monde, les conflits régionaux, la rivalité pour le leadership régional, le rôle accru de la religion, etc. A cela s’ajoute un autre élément important, c’est que le système interétatique ne constitue plus le pivot de la vie internationale come auparavant, aujourd’hui ce système coexiste avec un système "multi centré" dont le rôle des acteurs non-étatiques est devenu plus déterminant dans la scène internationale. On se réfère ici principalement aux groupes terroristes et aux entreprises d’armement.
Vu cette réalité, les défis de la sécurité internationale et régionale actuelles sont des questions très compliquées. Les menaces traditionnelles de confrontations ouvertes d’un Etat contre un autre est une hypothèse écartée. Aujourd’hui, les menaces sont asymétriques, imprévues, et les stratégies sont évolutives. Il faut noter que le rôle des appareils d’intelligence est plus important que le rôle des appareils militaires. Egalement, l’accès à l’information et la science est plus important que la possession d’armement.
La nouvelle réalité internationale présente des caractéristiques de complexité majeure pour les analystes des relations internationales qu’auparavant. Il est encore plus compliqué d’analyser les questions de sécurité et de défense qui étudient les stratégies et capacités militaires des Etats, surtout les stratégies qui sont liées aux armes nucléaires. Pour cela, l’étude des menaces qui suppose la prolifération nucléaire implique la réalisation d’une analyse multidisciplinaire et pluri-méthodologique. L’importance du travail pluri-méthodologique réside dans la faculté de croiser les théories présentées essentiellement par la science politique, mais aussi par le droit, la sociologie, l’économie, la philosophie politique et les observations les plus empiriques. La complexité de la réalité internationale et la singularité des événements rendent difficile la reproduction d’une chaine causale et l’élaboration des lois ou des théories. On voudrait ici faire allusion à la phrase de Jean Baptiste Duroselle qui considère qu’une théorie des relations internationales "est un rideau de fumée destiné aux naïfs et gogos". Cette phrase ne déduit pas qu’on favorise le désintérêt de l’approche théorique pour faire l’analyse, sinon, à notre avis, une étude de la réalité internationale actuelle requiert la flexibilité d’analyse.
L’application d’une approche, l’explication d’une réalité en se basant uniquement sur une théorie, l’intérêt exagéré pour les facteurs historiques, ou économiques, parmi d’autres, pourraient nous conduire à réaliser une analyse défectueuse et médiocre. En fin de compte, les frontières entre les théories sont artificielles, l’objectif est toujours d’analyser les phénomènes et la réalité internationale. Toute théorie essaye d’expliquer et souligner l’importance d’un facteur ou autre dans les relations internationales, mais toutes les théories reflètent l’évolution de la réalité internationale. L’application d’une théorie ne signifie pas le refus de l’autre, sinon, le fait de prendre toutes les théories en considération à l’heure de l’analyse signifie croire à la complexité de l’être humain, et para la suite, la complexité de la réalité international. Pour cela, une bonne étude de la réalité internationale actuelle doit se baser sur le recours à tous les instruments que possède l’analyste dans ces mains, en faisant référence, d’une manière implicite ou explicite, aux précieuses valeurs de théories des relations internationales. Il faut comprendre les théories en tant qu’hypothèse et non pas en tant que thèse, les apprécier pour leur utilité et non pour leur véracité. L’éclecticisme théorique est nécessaire. II faut être réaliste pour analyser les rapports de force entre les Etats, idéaliste pour mesurer les idéaux, les idées et les nécessités de la paix. En même temps, ils sont indispensables les théories fonctionnalistes et institutionnalistes pour trouver les interprétations de l’importance des institutions. Il faut être constructiviste pour comprendre le facteur des particularités des sociétés et son influence sur les relations internationales…etc. En même temps, li faut prendre toujours en considération les changements des circonstances. L’apparition de nouveaux phénomènes doit être accompagnée par la création de nouvelles approches et méthodes d’analyse. Il s’agit ici de deux méthodes : l’analyse systémique et l’analyse dynamique.
Pour ce qui est de la méthodologie utilisée, d’abord le travail s’inscrit dans les études de sécurité et de défense, précisément le désarmement, la maîtrise des armes et la non prolifération. Ce travail analyse le phénomène de la prolifération nucléaire à partir de l’étude géopolitique. Principalement, il étudie les défis des programmes nucléaires des Etats, objet d’étude pour la sécurité internationale et régionale. Pour cela, on a opté pour un modèle d’analyse déductif, empirique-analytique et stratégique-prospectif, essayant de prédire des phénomènes et scénarios, à travers l’établissement des relations causes-effets.
En général, les questions de sécurité exigent une approche intégrée, pluri-méthodologique qui prenne en compte à la fois des aspects multidisciplinaires et multidimensionnels avec plusieurs objets et matériels de recherche. Dans se sens, on peut distinguer : l’approche stratégique-militaire, l’approche technique-scientifique, l’approche historique, l’approche juridique, l’approche politologique, et finalement l’approche internationaliste. Le travail prétend analyser comment la prolifération nucléaire constitue en même temps une menace et défi qui donne lieu à d’autres menaces et défis en matière de sécurité internationale. L’hypothèse principale du travail est de démontrer comment les programmes nucléaires des trois cas analysés supposeraient des vraies menaces pour la sécurité internationale et régionale ; exacerbent les conflits latents, et en même temps alimentent d’autres menaces de sécurité et favorisent de cette manière la prolifération nucléaire. En parallèle, la thèse étudie en général le phénomène de la prolifération nucléaire. L’objectif est de démontrer comment le maintien des armes nucléaires par les puissances internationales, le manque de volonté des Etats pour mettre fin à ce phénomène, le caractère discriminatoire du régime de non prolifération nucléaire ce sont les facteurs responsables de la prolifération nucléaire. D’autre part, en tant que domaine de recherche plus général et ouvert, on a opté pour une analyse critique du droit international, et aux accords internationaux et régionaux, mettant en exergue le facteur politique et son rôle déterminant dans la matière.
La propre structure de ce travail (une partie préliminaire et trois parties) sert à expliquer la méthodologie utilisée. Dans un premier lieu, la Partie préliminaire offre une analyse sur les considérations techniques et tactiques générales sur les armes nucléaires. D’autre part, cette partie présente des statistiques actuelles et comparées concernant les capacités nucléaires des Etats. La Première partie du travail est intitulée "L’arme nucléaire en droit international et les politiques de sécurité et de défense des Etats : la mainmise du facteur stratégique". Elle aborde l’aspect juridique, théorique, conceptuelle ainsi que l’aspect historique. D’abord, il est primordial d’analyser l’Avis de la Court Internationale de Justice sur la menace et l’utilisation des armes nucléaires. Par la suite, on a considéré comme essentiel l’examen de la valeur stratégique de cet armement et ce qu’elle représente pour les politiques de sécurité et de défense des Etats, en soulignant des questions essentielles ; à savoir : le concept de la dissuasion nucléaire et les différents motivations nucléaires qui mènent les Etats a lancer des programme nucléaires.
La Deuxième partie est le noyau de la thèse, elle est intitulée : "La prolifération nucléaire et les défis géopolitiques de sécurité". L’objectif est d’étudier les menaces et les risques qui supposent les programmes nucléaires nord-coréen, pakistanais et iranien pour la sécurité régionale et internationale. On a opté pour un processus analytique qui englobe des éléments communs dans chaque cas : à savoir, une étude des systèmes de prise de décisions de chaque pays, l’évolution historique de ces programmes nucléaires, la capacité balistique et nucléaire, la motivation nucléaire et l’implication des acteurs internationaux, ainsi qu’une analyse exhaustive de la réalité régionale. Enfin, l’analyse prospective des scénarios et menaces et les défis géopolitiques de chaque programme nucléaire. Il faut signaler que dans le Chapitre IV, on a opté pour donner plus d’importance au programme nucléaire pakistanais que l’indien, parce qu’on a considéré que le premier suppose une menace majeure pour la sécurité régionale et internationale. Le programme nucléaire pakistanais représente une équation de terreur spécialement dangereuse : armes nucléaires + Etat failli + trafique illicite+ islamisme radical+ terrorisme.
Finalement, la Troisième partie est intitulée "La coopération internationale pour le désarmement et la non prolifération: un régime nécessaire ou inutile ?". L’objet de cette partie est de réaliser une analyse critique des traités internationaux et régionaux, ainsi qu’une étude sur le rôle des organisations internationales les plus importantes : L’Organisation des Nations Unies, spécialement le Conseil de Sécurité, et L'Organisation du traité de l'Atlantique Nord. D’autre part, due à l’abondante quantité des instruments internationaux sur le désarmement et la non prolifération, nous nous limitons à examiner les mécanismes les plus importants selon notre avis ; à savoir : le Traité de Non Prolifération des armes Nucléaires, le Traité sur l’Interdiction Complète des Essaies Nucléaires, et le rôle de supervision de l’Organisation Internationale de l’Energie Atomique. Finalement, le dernier chapitre étudie l’importance des traités créateurs des Zones Exemptes des Armes Nucléaires, en qualité d’alternative la plus efficace. On examine les défis qui affrontent ces traités, ainsi que les possibilités de créer des zones similaires dans d’autres régions géopolitiques, objet d’analyse dans ce travail de cette recherche.
En conclusion, le développement et la diffusion de la technologie nucléaire depuis le milieu du XXe siècle ont eu un impact décisif sur les sphères militaires et politiques internationales. Initialement limitée à un petit nombre d'Etats ayant une capacité scientifique et technique de pointe, la technologie nucléaire a continué à se propager pour passer d’un Etat nucléaire à neuf. Les cinq Etats nucléaires légaux selon le Traité de non prolifération des armes nucléaires sont déterminés à maintenir ces armes de manière indéfinie. Tandis que les nouveaux Etats nucléaires sont impliqués, quant à eux, dans le développement de leurs capacités. Cette tendance montre clairement que les armes nucléaires demeurent un indicateur de statut et de pouvoir international. En ce sens, les programmes nucléaires de la Corée du Nord, le Pakistan et l'Iran constituent de réelles menaces à la sécurité régionale et mondiale. Ces Etats ont montré que la stratégie de dissuasion nucléaire pourrait être inefficace, par contre, elle pourrait être un facteur de motivation au lieu d’être un facteur de dissuasion, comme prétendent les premiers Etats nucléaires. Ces cas de prolifération nucléaire sont susceptibles de modifier et altérer les rapports de force de la sécurité internationale. De même, les complexités régionales et la multiplicité des acteurs compliquent encore plus la situation. Les menaces de ces programmes nucléaires sont multidimensionnelles: il ne s’agit pas uniquement de la prolifération nucléaire en soit autant qu‘un phénomène, où le risque de déclencher un conflit avec l’éventuelle menace d'utilisation d'armes nucléaires, mais cette tendance pourrait donner lieu à d’autres épiphénomènes plus graves et menaces et risques qui s’alimentent.
Sans aucun doute, l’élément le plus décisif c’est la volonté des États, et la capacité de la communauté internationale pour trouver la cohésion suffisante qui favorise un régime international solide, non discriminatoire, fondé plus sur l'équité et la coopération. Nonobstant, conscients du caractère excessivement ambitieux de cet objectif général, l’établissement des Zones Exemptes de Armes Nucléaires pourrait être une initiative modeste mais realiste vers un monde sans armes nucléaires, ou au moins, vers un monde sans menaces des armes nucléaires, ou menaces associés à ce phénomène.
RESUMEN DE LA TESIS (en español) Las dolorosas experiencias que finalizaron la Segunda Guerra Mundial, concretamente el uso de las armas nucleares contra las ciudades japonesas de Hiroshima y Nagasaki, produjeron un dramático impacto en la conciencia de la humanidad. Al terminar la Guerra Fría, y con la llegada del “Nuevo Orden Internacional”, caracterizado por la superación del sistema de seguridad de disuasión nuclear, se suponía que la desaparición de dicho mundo bipolar traería paz y seguridad, y que todos los conflictos podrían resolverse por métodos pacíficos; se daba por hecho que se evaporaría toda posibilidad de enfrentamiento nuclear y, por consiguiente, decrecería la importancia de las armas nucleares en las políticas de seguridad y defensa de los Estados. Se suponía también que, con el nuevo sistema de seguridad internacional, asistiríamos a una creciente cooperación internacional para hacer frente a los riesgos y amenazas a la seguridad internacional, sobre todo en el ámbito del desarme y no proliferación nuclear.
Sin embargo, estas utopías han resultado ser excesivamente optimistas, pues la realidad demuestra que no han podido acordarse pautas de comportamiento internacional común sobre la base de una verdadera cooperación internacional, emanadas de una percepción compartida sobre las amenazas y una voluntad común de actuar por un planeta más seguro y estable. Por el contrario, vivimos en un mundo donde reinan la incertidumbre y la ambigüedad. De hecho, al terminar la Segunda Guerra Mundial, ya muchos Estados apreciaron la utilidad del arma nuclear para la consecución de sus objetivos de política exterior, como sucedió por ejemplo con los primeros países que obtuvieron tal armamento. Así, son cada vez más los Estados que consideran que un mínimo arsenal nuclear les resulta suficiente para satisfacer sus necesidades de supervivencia, prestigio y hegemonía regional. Como consecuencia, nos encontramos ante una nueva dimensión: mientras las potencias nucleares tradicionales mantienen sus arsenales y los están mejorando, se ha multiplicado el número de Estados con capacidad nuclear que se encuentran fuera del Tratado de No Proliferación Nuclear, y además algunos Estados partes en dicho Tratado lo vulneran abiertamente o actúan en sus límites, levantando con ello sospechas sobre el carácter pacífico de sus programas. Todos estos factores allanan el camino hacia una proliferación encubierta.
La importancia del armamento atómico no sólo se ha mantenido por constituir la mayor amenaza en caso de uso real contra un Estado, y por el alto valor estratégico de disuasión que otorgan estas armas a sus poseedores tradicionales, sino también porque los programas nucleares de los nuevos Estados están potenciando diversos riesgos derivados: conflictos regionales latentes, rivalidades de hegemonía y supremacía, y el terrorismo nuclear, entre otros. En este sentido, Asia actualmente podría ser denominada como el “continente nuclear”, en el sentido de que algunos de sus países mantienen una relación ambigua en relación con este armamento. En este continente destacan tres zonas geopolíticas con sendos casos especiales cuyos programas nucleares suscitan gran preocupación internacional. Algunos de esos Estados son considerados “hostiles”, y sus realidades político-regionales devienen muy conflictivas, inestables y estrechamente relacionadas con otras amenazas para la seguridad internacional.
Sobre el marco teórico de este trabajo, en general los estudios sobre cuestiones de seguridad y defensa se encuadran en un ámbito de investigación tradicional de la Escuela realista. Los autores realistas contemplaban la realidad internacional bajo el prisma de las relaciones de fuerza, de poder y de dominación. En el centro de esta corriente doctrinal se encuentra el realismo político, tanto en su versión clásica (Niebuhr, Morgenthau, Aron, Carr, Kissinger o Kennan), como en el denominado neorrealismo, seguido por autores tan diversos como Keohane, Waltz o Gilpin. Rasgo común de estos autores es la consideración de la vida internacional como una realidad esencialmente conflictiva, en la cual la anarquía y el dictado de la inexorable “ley del más fuerte” constituyen sus fundamentos.
Ahora bien, el mantenimiento por parte de las primeras potencias nucleares de su capacidad armamentística, la incesante modernización de estas fuerzas por un lado, y la evolución hacia la proliferación con la aparición de nuevos Estados nucleares son claros ejemplos de la validez de la teoría realista tradicional hasta hoy en día. En este sentido, parece que la siguiente frase de Morghentau resume la esencia misma de esta concepción en los siguientes términos: “La política internacional, como toda política, es una lucha por el poder. Cualesquiera que sean los fines últimos de la política internacional, el poder es siempre el fin inmediato”. Lo que complica más esta realidad de las relaciones internacionales son los cambios que están teniendo lugar en la escena internacional: la inestabilidad política y de seguridad en muchos países y regiones en el mundo, los conflictos y la rivalidad sobre el liderazgo regional, el creciente papel de la religión,… entre otros. A ello se añade otro elemento importante: el sistema interestatal ya no constituye el pivote único de la vida internacional, pues coexiste con un sistema “poliédrico”, y los actores no estatales se vuelven determinantes en la escena internacional: aquí nos referimos principalmente a los grupos terroristas, las empresas armamentísticas, etc.
Así, el análisis de los desafíos actuales a la seguridad internacional y regional se ha vuelto una cuestión muy complicada. El tradicional riesgo de confrontación abierta de un Estado con otro ya es una hipótesis casi descartada. Ahora las amenazas son asimétricas, imprevistas, las estrategias son evolutivas y cambiantes. Parece más importante ahora el papel de los sistemas de inteligencia que el de los aparatos militares. Resulta tan necesario el acceso a la información y a los avances científicos y tecnológicos como la posesión de armamento. Vista de este modo, la nueva realidad internacional presenta unas características de complejidad mayor que antaño a los analistas de las relaciones internacionales, y es aun más complicado analizar las cuestiones de seguridad y defensa que tratan de las estrategias y capacidades militares de los Estados, sobre todo las que están basadas en las armas nucleares. Así, el estudio de la amenaza generada por la proliferación nuclear implica realizar un análisis y enfoque multidisciplinar y pluri-metodológico.
Esta mezcla presenta muchas dificultades a la hora de realizar este estudio. Normalmente los análisis de las relaciones internacionales, sobre todo en los temas de seguridad y defensa, no resultan satisfactorios si están basados únicamente en una escuela. Sus trabajos conducen naturalmente a la conclusión de que la complejidad de la realidad y la singularidad de los eventos hacen imposible la reproducción de una cadena causal, y la formulación de leyes o teorías. Me gustaría aquí destacar la cita de Jean-Baptiste Duroselle, que recuerda que una teoría en las relaciones internacionales, debido al ámbito estudiado, es una “cortina de humo”, destinada a los “ingenuos y crédulos”. De esta frase no cabe deducir que se favorezca el desinterés del enfoque teórico para realizar el análisis sino que, a nuestro juicio, un estudio de la realidad internacional actual requiere flexibilidad en cuanto a los métodos de análisis.
La aplicación de un enfoque, la explicación de una realidad basándonos únicamente en una teoría, el interés exagerado por los factores históricos, o económicos, entre otros, nos llevaría a un análisis defectuoso y mediocre. Al fin y al cabo las fronteras entre las teorías son artificiales, y el objetivo consiste siempre en analizar los fenómenos y la realidad internacional. Toda teoría intenta explicar y subrayar la relevancia de un factor o actor en las relaciones internacionales, pero la combinación de todas las teorías refleja mejor la evolución de la realidad internacional. La aplicación de una no significa la negación de otra, sino que tenerlas todas en cuenta en el análisis significa creer en la complejidad del ser humano, y por consiguiente, creer en la complejidad de la realidad internacional.
Así, un buen estudio de la realidad internacional actual debe basarse en el recurso a todos los instrumentos que el analista tenga a su alcance, haciendo referencia de manera implícita o explícita al precioso valor de las teorías sobre relaciones internacionales. Hay que entender las teorías como hipótesis y no como tesis absolutas, apreciarlas por su utilidad más que por su veracidad. El eclecticismo teórico del analista resulta necesario. Hay que ser realista para analizar los equilibrios de fuerza entre los Estados; idealista para medir los ideales, las ideas, las necesidades de paz; funcionalista e institucionalista, para ofrecer interpretaciones sobre la importancia de las instituciones; constructivista, para entender el factor de las particularidades de las sociedades y su influencia en las relaciones internacionales, etcétera.
Al mismo tiempo, deben ser siempre tenidos en cuenta los cambios de circunstancias. Cualquier reflexión elaborada en la actualidad sobre las relaciones internacionales, por muy aparentemente sólida que parezca en el plano teórico, no puede seguir volviendo la espalda a la realidad internacional cambiante. La aparición de fenómenos novedosos tiene que llevar consigo obligatoriamente la creación de nuevos instrumentos y métodos de análisis ante un objeto de estudio ampliado y modificado. Por eso, recurriremos a dos enfoques complementarios que trascienden las diferencias existentes entre las diversas escuelas de pensamiento de relaciones internacionales: estos nuevos enfoques son el “análisis sistémico” y el “análisis dinámico”.
Visto lo anterior, en este trabajo optamos como metodología por un modelo de análisis deductivo-inductivo, empírico-analítico y estratégico-prospectivo, tratando de predecir fenómenos y escenarios a partir de establecer las relaciones causa-efecto desde una óptica comparativa, donde el análisis de las dinámicas completa el enfoque sistémico. Así, este trabajo de investigación se ha desarrollado recurriendo a varios enfoques de análisis, de forma multidisciplinar, pues nos encontramos con fenómenos multidimensionales, con numerosos objetos materiales de investigación. En este sentido podemos distinguir entre el enfoque estratégico-militar, el enfoque técnico-científico, la aproximación histórica, la perspectiva jurídica, el enfoque politológico y el internacionalista.
El gran valor añadido de este trabajo consistiría en analizar cómo la proliferación nuclear constituye al mismo tiempo un desafío y un peligro que crea otros desafíos y peligros en materia de seguridad internacional. La hipótesis principal del trabajo pretende mostrar cómo los programas nucleares de los tres casos analizados suponen un grave riesgo para la seguridad regional e internacional, agravan conflictos latentes y alimentan otras amenazas de seguridad, al mismo tiempo que fomentan la proliferación nuclear. En paralelo, y llegados a este punto, este trabajo de investigación estudia en general el fenómeno de la mencionada proliferación nuclear. Pretendemos demostrar que la posesión continuada de estas armas por los primeros Estados nucleares (las potencias nucleares), su falta de voluntad real para poner fin a la carrera armamentística y el carácter discriminatorio del régimen de no proliferación nuclear son factores responsables en buena medida de la actual proliferación horizontal. Intentaremos demostrar también cómo la implicación e intereses estratégicos de las potencias nucleares en cada zona agravan las tensiones y rivalidades en dichas áreas geográficas. Por otro lado, como un ámbito de investigación general, realizamos también un análisis crítico del Derecho internacional en la materia, concretamente de los límites de los tratados universales y regionales, poniendo de relieve el factor político y su determinante influencia.
La propia estructura de este trabajo (tres partes sustantivas, precedidas por una parte preliminar) sirve para explicar la metodología empleada. En primer lugar, la Parte preliminar ofrece un análisis sobre las consideraciones técnicas y tácticas generales en las armas nucleares. Esta parte presenta también estadísticas actualizadas de la capacidad nuclear de los Estados con tal tipo de armamento.
La Primera Parte del presente trabajo de investigación se titula “El arma nuclear en el derecho internacional y las políticas de seguridad y defensa de los Estados: El predominio del factor estratégico”. Esta parte aborda los enfoques jurídico, teórico, conceptual e histórico, a través primero del análisis de la opinión consultiva de la Corte Internacional de Justicia sobre la legalidad de la amenaza o el empleo de armas nucleares, para después examinar el valor estratégico de este tipo de armamento en las políticas de seguridad y defensa, tratando cuestiones esenciales como la disuasión nuclear y la motivación subyacente a la luz de las experiencias de las primeras potencias atómicas.
La Segunda Parte es el núcleo central del trabajo, y se titula “La proliferación nuclear y los desafíos geopolíticos de seguridad”. En ella se aborda un estudio de los riesgos y amenazas que suponen los programas nucleares de Corea del Norte, Pakistán e Irán para la seguridad regional y universal. Para este objetivo, aplicamos un proceso de análisis que abarca varios elementos: primero, hemos valorado imprescindible realizar un análisis del procedimiento de adopción de decisiones en cada Estado; el segundo elemento consiste en estudiar la evolución histórica y el desarrollo de cada programa nuclear. Igualmente, hemos considerado esencial examinar el papel jugado por los actores internacionales y su influencia, tanto en la evolución de cada programa nuclear como para la seguridad regional y universal.
Por otro lado, abordamos un estudio exhaustivo de la realidad regional, los desafíos geopolíticos de cada caso, las motivaciones y estrategias nucleares, y finalmente un análisis prospectivo de los escenarios, amenazas y retos de seguridad que supone cada programa nuclear en su visión geopolítica y estratégica, regional e internacional. Debemos señalar que hemos optado por centrar nuestro estudio en el Capítulo IV en el programa nuclear de Pakistán y no en el de la India, al considerar al primero una mayor amenaza para la seguridad regional y universal que el programa nuclear indio, ya que representa una ecuación de terror especialmente peligrosa: armas nucleares + Estado fallido + tráfico ilícito + islamismo radical + terrorismo.
Finalmente, la Tercera Parte se titula “La cooperación internacional para el desarme y no proliferación nuclear: ¿Un régimen necesario o inútil?”. En ella se realiza un análisis crítico de los tratados internacionales y regionales, así como el papel desempeñado por las más importantes organizaciones internacionales en esta materia: la Organización de Naciones Unidas, en especial su Consejo de Seguridad, y la Organización del Tratado del Atlántico Norte. Asimismo, debido a la abundante cantidad de instrumentos internacionales sobre desarme y no proliferación nuclear, nos limitamos a examinar el contenido de los más importantes a nuestro juicio, como son el Tratado de No Proliferación Nuclear, el Tratado de Prohibición Completa de los Ensayos Nucleares, y la función supervisora del Organismo Internacional de la Energía Atómica. Finalmente, en el último capítulo estudiamos la importancia de los tratados creadores de Zonas Libres de Armas Nucleares, en calidad de alternativa más eficaz, en nuestra humilde opinión. Examinamos los desafíos a los que se enfrentan y las posibilidades de crear zonas iguales en las regiones geopolíticas objeto de análisis en este trabajo de investigación.
A modo de conclusión; el desarrollo y difusión de la tecnología nuclear desde mediados del siglo XX han tenido un impacto internacional decisivo en los ámbitos militar y político. Restringida al principio a un número reducido de Estados, la tecnología nuclear ha continuado su proliferación por todo el planeta, habiendo pasado de una sola potencia nuclear militar al principio del proceso a nueve Estados con capacidad atómica militar en el momento actual. Los cinco Estados que disponen legalmente de estas armas, según establece el Tratado de No Proliferación Nuclear, están decididos a continuar siendo potencias nucleares por tiempo indefinido. Mientras tanto, los nuevos Estados nucleares están inmersos, por su parte, en el desarrollo de sus capacidades. Esta tendencia muestra claramente que las armas nucleares siguen siendo un indicador de estatus y de poder internacional. En este sentido, los programas nucleares de Corea del Norte, Pakistán e Irán suponen verdaderas amenazas para la seguridad regional y mundial. Estos casos de proliferación nuclear son susceptibles de modificar y deteriorar de forma profunda y duradera los parámetros del equilibrio de la seguridad internacional. Asimismo, las complejidades regionales y la multiplicidad de actores complican más la inestable situación. La amenaza que suponen estos programas nucleares nacionales es multidimensional: ya no se trata de un único fenómeno, como es la proliferación nuclear, o del riesgo de desencadenar una situación de crisis con la amenaza de recurrir al arma nuclear, sino que coexisten otros epifenómenos, amenazas o riesgos secundarios relacionados que se retroalimentan.
Sin lugar a dudas, el elemento más decisivo es la voluntad de los Estados, pero también la capacidad de la comunidad internacional para encontrar la cohesión suficiente que favorezca un régimen internacional sólido, no discriminatorio, basado en la equidad y la cooperación. No obstante, conscientes del carácter acaso excesivamente ambicioso de este objetivo general, el establecimiento de Zonas Libres de Armas Nucleares podría ser una iniciativa realista hacia un mundo sin armas nucleares o, por lo menos, hacia un mundo sin las amenazas asociadas a la existencia de tal armamento.
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