L¿écriture d¿invention au collège est un objet didactique hétérogène à construire, au quotidien des pratiques d¿apprentissage d¿une langue maternelle, ou langue première, en train de devenir « langue de culture ». C¿est dans ce passage d¿un monde connu à un autre moins familier, plus étrange, plus abstrait - monde des mots, de la polyphonie et de la polysémie des textes et du langage - que l¿imagination et la créativité redonnent un souffle à ce qui pourrait être une sorte de « nouvel esprit pédagogique » prenant en compte l¿invention. Entre libération du geste de l¿écriture et précision des cadres d¿accompagnement - pour que ce geste ne reste pas dans la spontanéité - les sujets élèves et enseignants se font rédacteurs-passeurs, lecteurs-passeurs d¿écrits ; petits écrits du quotidien, pastiches de textes lus ou entendus, mise en mots, en listes, empaquetage ou emballage de ce qui n¿est pas encore tout à fait de l¿écrit mais qui commence à y ressembler, tant les compétences des uns et des autres, si minimes soient-elles, entrent en résonance et en dialogue, des unes aux autres. Parce que l¿élève découvre au moment où il écrit, où il s¿écrit, qu¿il n¿est plus tout à fait le même, qu¿il a grandi, un peu. L¿invention des détours pédagogiques vers ou par l¿écriture se ressource dans l¿hétérogénéité des publics d¿élèves, dans les métamorphoses adolescentes qui transforment une année scolaire en histoire ou en récit. Mais elle se renouvelle dans le questionnement permanent de l¿activité langagière sur elle-même : qu¿est-ce qu¿écrire ? Pour quoi écrire ? Qui écrit pour qui ?
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