Chez les Punu du Congo-Brazzaville, la danse ikoku est conçue à travers la notion de joie. Une bonne danse équivaut à une danse pleine de joie, qui a pour effet « de faire éclater l�esprit ». Or une ouverture d�esprit analogue est attestée pour les célébrations des génies de l�eau où elle s�actualise dans des transes. Une distinction rigide entre le profane et le sacré s�y trouve battue en brèche. L�opposition corps-esprit qui sous-tend cette distinction est encore ébranlée par un autre constat : l�inspiration qui surgit d�une pareille ouverture est autant corporelle que cognitive, il s�agit d�une inspiration de mouvements, de sons et de paroles, nés d�un seul entrain. Dès lors, de quelle manière peut-on rendre compte de cette pratique en restant au plus proche de la réalité observée et de sa conceptualisation locale ? Une mise en avant de la notion d�affectivité, telle qu�elle ressort des philosophies de Merleau-Ponty et de Spinoza, apporte des éléments de réponse, puisque l�affectivité y est appréhendée comme une puissance inchoative, ce qui permet d�éclairer ainsi les dynamiques d�émergence et d�amplification du ikoku sans les qualifier d�emblée en fonction de leur actualisation sur l�axe dichotomique corps-esprit
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