Luc Fraisse (dir.)
L’histoire littéraire produit des fruits visibles dans l’enseignement: c’est elle qui répartit les auteurs par siècles dans les manuels, elle qui permet de présenter un mouvement littéraire dans les classes. En amont de ces résultats doit s’accomplir un travail de fond, visant à établir des connaissances. Comment l’historien établit-il ces connaissances, quels sont ses principes, et donc aussi ses préjugés? La prise en compte de l’environnement historique ne nous faitelle pas perdre de vue l’essence du texte, la spécificité du phénomène littéraire? On était près de le penser au momento où les sciences humaines ont introduit leur apport dans la recherche et l’enseignement littéraires. Une démarche de l’esprit doit aujourd’hui pouvoir proposer sa théorie; or, l’histoire littéraire mène surtout des enquêtes de terrain.
Oui, mais si l’on débarrasse l’étude des oeuvres de toute pesanteur historique, on aboutit rapidement à la perte des connaissances, aux aproches purement techniques. Pour éviter ces risques, la plus récente réforme de l’enseignement secondaire réintroduit l’histoire littéraire et culturelle comme première perspective à prendre en compte devant les textes. Á ce stade, l’histoire littéraire est-elle capable d’une reflexión théorique? Est-elle à même de clarifier ses pratiques? Supporte-t-elle le regard critique des écrivains et des penseurs depuis un siècle? Pour apporter à ces questions les réponses les plus actualisées, il convenait d’ouvrir un débat international, dont les résultats sont livrés dans le présent volume: une soixantaine de chercheurs, venus de once país, souvent directeurs de revues ou de collections, se sont rassemblés durant une semaine pour élaborer les principes d’une histoire littéraire moderne. Les buts à long terme? Nous premunir contre l’oubli du passé, nous constituir une culture commune et acquérir une visión d’ensemble remédiant à l’éclatement des savoirs.
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