Le romancier canarien Antonio Lozano, très investi dans la vie politique et culturelle de sa région, était unanimement considéré comme un artisan essentiel de la relation entre l’Espagne et l’Afrique, toujours porté par la volonté de susciter une réflexion sur la question migratoire. Ses deux premiers romans, Harraga (2002) et Donde mueren los ríos (2003), donnent ainsi la parole à des personnages de migrants qui sont amenés à raconter leurs parcours, dans une configuration énonciative favorisant l’affirmation directe de leur identité propre, non biaisée par l’ethnocentrisme. Dans sa volonté de mettre en valeur l’individu plutôt que la masse, Lozano donne vie à toute une galerie de personnages exemplaires représentatifs du parcours migratoire, avec une intention didactique et éthique assumée qui ne nuit pas à la dimension profondément littéraire de sa démarche. La structure des récits peut être lue comme une forme d’hommage à la tradition orale africaine, que l’auteur utilise autant sur le plan thématique que narratif. Il en résulte une fusion remarquable entre l’écriture de Lozano et la cause qu’il défendait, tout comme entre sa voix et celle de ses personnages.
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